"On se battra": les cheminots de la ligne Nice - Digne-les-Bains entrent en grève

Les cheminots des Chemins de fer de Provence passent à l'action. Plusieurs semaines après avoir lancé l'alerte quant à l'avenir de la ligne reliant Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) à Nice (Alpes-Maritimes), ils ont entamé ce week-end une grève qui doit se reproduire tous les dimanches et lundis de l'été.
L'objet de leur colère? La suppression, à compter du mois de septembre, du service de 7h10 entre Digne-Les-Bains et Annot, et celui de 8h47 entre Annot et Digne-les-Bains. À l'appel de la CGT, une quinzaine de cheminots étaient réunis ce jour en gare des Chemins de fer de Provence, à Nice, pour faire entendre leur voix.
Tout d'abord car ils craignent de subir les conséquences de ces suppressions, notamment "des risques de licenciement de personnel", souffle Christian, cheminot, au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "Ça n'est pas possible. On ne peut pas faire ça."
Mutations ou départ anticipés
Une part des salariés a déjà été reçue par la direction. "Il nous est plus ou moins proposé des changements géographiques, éventuellement de descendre sur Nice ou d'être mutés dans un autre service", poursuit le gréviste. Des départs en retraite anticipés sont également sur la table des négociations.
"On nous laisse même pas le temps de nous retourner", peste Thomas Hernandez, responsable communication de la CGT Chemins de Fer de Provence.
L'homme conteste les motivations avancées par la Région, qui estime le tronçon Digne-les-Bains-Annot trop peu fréquenté et entend réaliser des économies. Sur les horaires ciblés, cette branche est en moyenne utilisée par six voyageurs -trois dans un sens, trois dans l'autre-, selon la région. Des chiffres datant de 2021, souligne Thomas Hernandez, une année "rythmée par le Covid-19". Pour l'intéressé, ce total devrait plutôt être estimé à 22 personnes, tous sens confondus.
"Déshabiller le haut de la ligne"
"Leur but, aujourd'hui, est de déshabiller le haut de ligne pour renforcer la partie entre Vésubie et Nice, en oubliant que partout en France, il est question de réouvrir les petites lignes, de désenclaver les petits villages, de mettre de moins en moins de voitures sur la route pour plus d'écologie", peut-on lire sur le tract de la CGT.
Thomas Hernandez confirme: "Ça va avoir des conséquences sur le désenclavement des vallées. Il y a plein d'habitants des petites communes qui ne vont plus pouvoir se déplacer que ce soit pour aller chez le docteur, les loisirs, pour aller travailler, voir la famille..."
D'autant qu'actuellement, rallier Digne-les-Bains depuis Nice a tout du parcours du combattant. Depuis 2019, et l'effondrement survenu au tunnel de Moriez, ce trajet se divise en deux étapes. Il faut d'abord prendre le train qui circule entre Nice et Saint-André-les-Alpes puis emprunter un bus pour rejoindre Digne-les-Bains. Et depuis l'an dernier, le train du samedi soir entre Nice et Annot et celui du dimanche matin entre Annot et Nice ne circulent plus.
Avec la nouvelle suppression programmée, il n’y aura donc plus de bus le matin à 7h10 au départ de Digne-les-Bains en direction de Saint-André-les-Alpes. Il faudra attendre celui de 10h52. Dans l’autre sens, le premier train part à 6h55, pour une arrivée à Annot à 8h47, mais il n’y aura plus de train pour rejoindre Saint-André-les-Alpes. Pour poursuivre le voyage, il faudra désormais attendre 11h12.
"Indispensable"
Pour les usagers de la ligne comme Gisèle, il est "indispensable" de préserver les horaires actuels, sachant qu'il n'existe que quatre liaisons entre Nice et Digne-les-Bains et autant dans le sens inverse.
"On est quand même loin de la ville, insiste-t-elle. On a besoin d'avoir aussi bien le train que le car, que l'on puisse se déplacer facilement."
La CGT a lancé il y a plusieurs mois déjà une pétition pour préserver l'axe Digne-les-Bains-Nice. Plus de 10.000 personnes l'ont déjà signée.
La réouverture totale de l'axe ferroviaire prévue en 2023
La mairie de Digne-les-Bains ne remet pour sa part pas directement en cause les suppressions prévues mais appelle surtout à une réouverture totale de la ligne ferroviaire jusqu'à Nice. Celle-ci est pour le moment prévue en 2023.
Pour Maurice Laugier, président de Provence-Alpes agglomération, "le train des Pignes est un équipement majeur au service de la mobilité durable de nos concitoyens à l’heure où les enjeux de désenclavement et de desserte en transports en commun n’ont jamais été aussi forts".
"De toute façon, on se battra!", promet Christian, le cheminot en grève. "On a eu des combats à mener. Jusqu'à présent, on les a toujours gagnés".