Les stations de ski s’inquiètent déjà pour l’hiver, face à la flambée des prix de l'énergie
Pierre Vollaire n'y va pas par quatre chemins. "Sans aides lourdes, c'est la mort de nos territoires de montagne", prévient le maire des Orres.
Cette petite commune des Hautes-Alpes, où vivent quelque 500 personnes à l'année, voit sa population bondir au rythme des saisons touristiques. Si le bilan comptable estival est jugé "très satisfaisant" par l'édile, ce dernier craint le pire pour cet hiver. Car l'afflux de skieurs et d'amateurs de neige en tout genre génère un important accroissement du besoin en électricité.
Or, les prix de l'énergie ont flambé ces derniers mois, conséquence notamment de la mise à l'arrêt d'une partie du parc nucléaire national pour des raisons de maintenance combinée à la guerre en Ukraine.
"Nous sortons des précédents contrats, où on payait le mégawattheure 58,50 euros, détaille Pierre Vollaire, invité sur le plateau de BFM DICI ce jeudi. Ça fait à peu près six centimes le kilowattheure. La proposition qu'on a aujourd'hui, c'est 800 euros par mégawattheure."
Soit une multiplication par 13, équivalente à "trois millions (d'euros) de charges supplémentaires". Le maire des Orres est catégorique: "C'est impossible de payer ça".
Une rencontre à Bercy au programme
Conscient du péril économique qui se profile, Pierre Vollaire jure avoir "tiré la manche de nos gouvernants depuis le début de l'année sur le sujet". Son inquiétude commence enfin à être entendue.
"Nous avons pris rendez-vous avec le président de l'Association des maires de montagnes, dont je suis le vice-président, qui regroupe les 100 principales stations françaises", annonce l'élu.
L'édile rencontrera ensuite, le 6 septembre, Caroline Cayeux, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, et Dominique Faure, secrétaire d'État à la ruralité. Pierre Vollaire embrayera enfin vers Bercy, où il sera reçu par le cabinet du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
"On demande 50% au moins"
Son objectif: "leur expliquer qu'on ne peut pas -même si on réduit notre consommation, ce qu'on a déjà fait aux Orres puisqu'on est déjà très avancés dans la réduction de la consommation- passer trois millions d'euros de charges supplémentaires cette année".
Les premières informations qui lui sont parvenues laissent envisager que l'État serait susceptible de prendre à sa charge 30% du coût supplémentaire de l'électricité. Insuffisant pour que les Orres s'y retrouvent: "là, on demande 50% au moins. On n'arrivera pas à faire autrement". C'est la proposition qu'il portera lors de sa visite à Paris.
L'édile en profitera certainement pour poser au cabinet du ministre de l'Économie toutes les questions auxquelles il ne parvient pas à trouver de réponse cohérente. "Il est très difficile de comprendre aujourd'hui pourquoi 29 centrales nucléaires sont à l'arrêt sur 56, qu'on est obligés de remettre en route la centrale à charbon de Saint-Avold, d'acheter à l'extérieur... C'est pour ça qu'on a ces tarifs, alors qu'on a les moyens en France." Et Pierre Vollaire d'espérer une renationalisation d'EDF dans les prochains mois pour juguler la hausse des prix.
Le département dépendant du tourisme
L'élu municipal l'assure, s'il appuie l'essentiel de son argumentaire sur l'exemple de sa commune, l'explosion des tarifs de l'électricité constitue une menace globale pour l'écosystème des Hautes-Alpes. Selon le maire des Orres, l'activité des stations de ski représente "750 millions de chiffres d'euros de chiffre d'affaires direct et induit et 12.000 emplois à la clé".
Un secteur d'activité dont l'avenir à moyen terme est déjà mis en péril par le changement climatique, la fonte des glaciers et la raréfaction des épisodes neigeux. Alors les stations tentent au maximum de ralentir le phénomène: aux Orres, la municipalité assure adopter le maximum de mesures vertueuses pour l'environnement et de réduire ses consommations.
Si l'on pourra skier à la station au moins "jusqu'en 2057", Pierre Vollaire reconnaît que la commune va devoir enrichir son offre d'activités en montagne pour continuer à attirer les touristes dans les années à venir.