Hautes-Alpes: les centres d’hébergement d’urgence saturés, des personnes se retrouvent à la rue

La Croix-Rouge (Photo d'illustration). - AFP
"Il s’appelle Fabrice, il dort dehors dans une tente dans l’Embrunais. Il a fait appel à tous les services sociaux qui n’arrivent pas à lui trouver un logement, aussi petit soit-il." Sur Facebook, les messages de ce type se multiplient dans les Hautes-Alpes.
Si la situation s'est améliorée pour Fabrice - le post lui ayant permis d'obtenir une collocation -, il confirme avoir connu plus de trois semaines de galère où il a vécu dans une tente.
Préoccupante, sa situation n'est pas un cas isolé dans le département. À Embrun, la commune ne dispose d'aucun centre d'hébergement d'urgence. "On redirige les personnes vers Briançon ou Gap", explique à BFM DICI Mireille Serres, présidente de la Croix-Rouge Embrun.
"On fait des maraudes, on apporte des couvertures et du soutien. On fait tout ce qu'on peut."
Certaines femmes enceintes en grande difficulté
Dans les villes qui abritent des centres d’hébergement d’urgence, comme à Briançon ou à Gap, la situation n’est pas plus enviable. "Tout l’hiver, on nous a répondu que c’était complet lorsque l’on fait des demandes d’hébergement d’urgence", confie Dominique Frohring, présidente de la Croix-Rouge de Gap.
"Même pour les femmes enceintes et les mères d’enfants de 3 mois, les solutions d’urgence peuvent ne pas aboutir."
Dans ces cas-là, la Croix-Rouge essaie de "faire le forcing" ou de débloquer une ou deux nuits d’hôtel, si leurs finances le leur permettent.
"Dans notre département, nous voyons des enfants et des adultes, voire des grands-parents dormir dans des voitures", alarme dans un communiqué Patrick Prost, membre de la CFDT 05.
Très inquiet, le syndicaliste explique à BFM DICI que beaucoup se retrouvent sans logement en attendant une réponse favorable d’un bailleur social. "Depuis 5 ou 6 ans, on ne remplit pas, dans les Hautes-Alpes, les objectifs de construction des logements sociaux. Nous ne sommes qu’à 30%. Pour moi, c’est un manque de volonté politique."
La CFDT pointe "un manque de 1.000 logements sociaux"
Dans les Hautes-Alpes, deux-tiers des ménages peuvent prétendre à un logement social - il faut gagner moins de 1.900 euros pour faire une demande -, mais la demande excède de loin l'offre. "Il manque 1.000 logements sociaux dans le département", estime Patrick Prost.
Medhi, lui, a attendu un an et demi pour en avoir un. Le temps que son dossier soit traité et qu'une solution durable lui soit proposée.
"Pendant un an et demi, j’ai dormi dans ma voiture. Il n’y avait pas de place dans les centres, sauf à la Cordée, mais c’est un environnement collectif qui ne me convenait pas."
Une situation difficile pour le trentenaire, qui a longtemps jonglé entre son travail et une vie sans toit. "Au début, c’était difficile. Parfois, je restais garé sur le parking de mon travail. Mais dans une voiture, surtout l’hiver, il fait froid. Et les gens peuvent vous voir à travers les vitres", résume-t-il.
Un dispositif pour les femmes victimes de violences
Faute de places dans les centres d’hébergement d’urgence, à Gap, des chambres dans des hôtels sont parfois libérées. Il est question de quelques jours ou semaines. L'alternative reste néanmoins précaire.
Grâce à un appel à un dispositif de l’Etat en décembre 2023, le CIDFF (Centres d’information sur les droits des femmes et des familles) des Hautes-Alpes a pu obtenir deux logements T1 et un T3 supplémentaires. Quelques places pour les femmes victimes de violences devraient donc être mises à disposition. En 2023, l’association a reçu 171 victimes en accueil de jour.