Digne-les-Bains: l'enquête publique pour le futur crématorium relancée

Le site choisi pour construire le crématorium de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), à la mi-juin 2026 - BFM DICI
Validé en conseil municipal en février 2023, le projet du futur crematorium de Digne-les-Bains n'avance pas aussi vite que souhaité. En raison d'une erreur administrative, la ville doit de nouveau faire une enquête publique pour réaliser le projet dans les règles, alors que l'emplacement choisi ne fait toujours pas l'unanimité.
C'est sur l'ancien stade Robert Gage, dans le quartier Saint-Véran, que le second crématorium des Alpes-de-Haute-Provence devrait être installé. Un emplacement qui ne fait plus aucun doute pour la municipalité de Digne-les-Bains mais qui soulève l'inquiétude des riverains.
"Il y a les fumées dégagées par le bâtiment, forcément on va en être impactés", estime Jérôme pour BFM DICI. "Ils nous tiennent le même discours que pour Tchernobyl, c'est-à-dire que ça va s'arrêter à la frontière du terrain."
Jérôme juge également le lieu inadapté à l'installation d'un crématorium. "Il y a le problème de la circulation, on est dans un quartier résidentiel où des fois déjà on a du mal à se croiser selon les heures."
"Ce n'est pas le bon emplacement"
De plus, il se situerait près de l'abattoir, et d'une école. "Nous ne sommes pas contre le crématorium, mais on trouve que ce n'est pas le bon emplacement", résume Jérôme.
Au total, une centaine d'habitants du quartier échangent régulièrement, jusqu'à la création d'un collectif contre le crématorium. Des recours personnels et groupés ont été lancés contre le projet.
Ils regrettent un manque de communication de la part de la mairie: si le projet a bien été présenté publiquement, les habitants du quartier espéraient être mieux informés au vu des potentielles nuisances engendrées par le crématorium.
Une réunion publique a eu lieu le 25 avril dernier, en présence d'une soixantaine de personnes, pour faire le point sur le projet qui était déjà bien avance: la société OGF a été retenue en décembre 2023 pour la réalisation et l'exploitation de l'équipement, et le permis de construire a été accordé en octobre 2024.
Un site idéal et cohérent
Du côté de la municipalité, on entend les remarques des riverains, mais aucun autre emplacement n'est à l'étude. "Le site, à première vue, semble idéal", détaille Francis Khun, adjoint à la mairie de Digne-les-Bains, à BFM DICI. "À cet endroit, on a déjà un ensemble de services funéraires proposés aux familles, avec deux cimetières et la maison funéraire."
"Il y a une réelle cohérence", ajoute Cendrine Laniray, responsable de projet chez OGF.
Un emplacement d'autant plus important que les demandes pour des crémations sont en constante augmentation dans la région, avec en moyenne 55% de personnes qui choisissent cette technique funéraire dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes.
Aujourd'hui, il n'est donc pas question d'abandonner le projet tel qu'il a été initialement présenté. La structure est d'autant plus importante que les habitants du bassin-dignois sont aujourd'hui obligés de se rendre à Manosque ou à Gap pour avoir accès à une crémation.
Si les travaux auraient déjà dû être lancés le calendrier a dû être décalé: à la suite d'une erreur de transmission, la Mission régionale d'autorité environnementale n'a pas pu rendre son avis sur le volet environnemental dans les délais impartis nécessitant ainsi une nouvelle enquête publique
"Ça aurait créé un vice de forme sur la procédure et on aurait pu avoir quelque chose de bancal, donc il vaut mieux refaire les choses proprement avec un dossier complet", précise Francis Khun.
Un coût estimé à 2,7 millions d'euros
La mairie de Digne-les-Bains se veut aujourd'hui surtout rassurante concernant les nuisances soulevées par les habitants. "Il y a une réglementation complexe, c'est très encadré", assure Francis Kuhn. "On a eu un avis de l'ARS, il y aura cette fameuse mission régionale qui doit se prononcer." Le projet respecte également les distances réglementaires applicables aux établissements sensibles, ici l'école.
Un projet au coût estimé initialement à plus de 2,7 millions d'euros, mais dont le prévisionnel peut être à revoir en raison du retard accumulé. "Si ça devait être plus, ça serait à la charge d'OGF, mais on fait tout pour rester dans ce budget-là", confie la responsable du projet Cendrine Laniray.
Le crématorium sera composé d'un accueil, de sanitaires, d'une salle de cérémonie qui pourra accueillir 150 personnes dont 100 assises, une salle de convivialité, un espace d'attente ainsi qu'un espace technique.
La mairie espère idéalement un démarrage de la nouvelle enquête début juillet pour une fin de projet d'ici la fin de l'année 2026. Ce sont de trois à cinq crémations par jour qui seraient attendues dans le futur bâtiment.