BFM DICI
bfmdici

Crise au Chicas de Gap: le Dr Raouf Hammami suspendu cinq mois

placeholder video
Le retour du chirurgien après deux ans de suspension est à l'origine d'un conflit sans précédent au sein du personnel de l'hôpital. Il avait dénoncé les pratiques du Dr Gilles Norotte, dont le recours à la cimentoplastie discale.

L'Agence régionale de Santé (ARS) a tranché. Le Dr Raouf Hammami a été suspendu au moins cinq mois à titre conservatoire de ses fonctions de chirurgien au Chicas de Gap, a appris BFM DICI auprès de différents médecins de l'établissement, confirmant une information d'Alpes 1.

Cette décision intervient à l'issue d'une médiation, organisée la semaine passée, en présence de nombreux membres du personnel de l'hôpital. Ces derniers ont pu s'exprimer et donner leur sentiment.

La réintégration du praticien le 22 mars a entraîné un conflit sans précédent au sein des personnels soignants. Raouf Hammami venait de purger une suspension de deux ans après avoir dénoncé une pratique chirurgicale constestée devant la justice - la cimentoplastie discale - opérée par un de ses collègues, le Dr Gilles Norotte. Raouf Hammami est en outre accusé de harcèlement et de menaces.

"Violence psychologique"

Dédouané par un conseil de discipline nationale, le Dr Raouf Hammami, avait été reconnu le 10 mars comme "lanceur d'alerte" par le Défenseur des droits. C'est pourquoi il avait pu faire son retour à l'hôpital.

Le 13 avril, le Collectif Chicas avait dénoncé dans un communiqué le retour "sans aucune sanction" du Dr Hammami, "malgré un violent conflit qui mine depuis plusieurs années le service d'orthopédie", source d'une "tension extrême, incompatible avec des conditions de travail normales et avec une troisième vague de Covid-19".

Raouf Hammami a annoncé ce mardi soir à l'Agence France-Presse qu'il allait contester sa suspension, qu'il juge "d'une brutalité extrême", devant le tribunal administratif de Marseille par une demande de référé-suspension. Se disant victime de "violence psychologique", il estime que son retour fin mars s'était déroulé "sans aucun incident".

Démissions et arrêts maladie en série

Pourtant, au sein de l'hôpital de Gap, le plus important des Hautes-Alpes, la réintégration du praticien a conduit à des démissions et à la mise en arrêt maladie de médecins assurant ne pas être en mesure de soigner aux côtés du praticien. À la mi-avril, près de 50 agents avaient été reçus par le médecin du travail et une trentaine de médecins et soignants étaient en arrêt maladie, selon le collectif Pour l'avenir du Chicas. En conséquence, l'offre de soin s'est réduite au fil des jours et plusieurs dizaines de consultations ont été reportées.

Dans un contexte aussi tendu, l'ARS a demandé au directeur du Chicas, Yann Le Bras, de reporter son départ au mois de septembre. Il devait à l'origine prendre la tête de l'hôpital de Toulon-Hyères en juin prochain.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions