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Alpes du Sud

"Je compte quitter l'hôpital": un médecin alerte sur la crise traversée par le Chicas de Gap

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Le retour d'un chirurgien "lanceur d'alerte" après deux ans de suspension a provoqué une grave crise interne. Une trentaine de soignants sont en arrêt maladie et plusieurs comptent démissionner.

"Je compte quitter l'hôpital". Chirurgien au sein du centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud à Gap, le Dr Jérôme Atger a pris la décision de démissionner. Comme plusieurs de ses collègues, ils veut alerter sur la crise traversée par le Chicas ces dernières semaines. Une manifestation était par ailleurs organisée ce vendredi par le collectif Pour l'avenir du Chicas.

"Je n'ai plus confiance"

Depuis l'annonce du retour du Dr Raouf Hammami après deux ans de suspension, une partie du personnel est vent debout contre cette décision. Ce médecin est accusé d'avoir provoqué une grave crise interne après avoir dénoncé les pratiques chirurgicales d'un collègue, le Dr Gilles Norotte.

A partir de 2018, il avait mis en cause la cimentoplastie discale, considérée comme "non valide" par une société savante et qui fait l'objet d'une enquête pénale pour défaut d'information des patients.

"Je n'ai plus confiance dans la structure, dans les tutelles", affirme aujourd'hui le Dr Jérôme Atger. Je ne dors plus depuis que le Dr Hammami a été réintégré".

Des conséquences sanitaires et sociales

"L'hôpital doit normalement être un lieu de confiance, de sérénité, pour la sécurité des patients. Cette sécurité et cette sérénité, on ne l'a plus", affirme le chirurgien, alors qu'une trentaine de soignants de l'hôpital est en arrêt maladie.

Tout comme le collectif Pour l'avenir du Chicas, Jérôme Atger redoute "des conséquences sanitaires" en raison de cette "situation dramatique". Selon le collectif, cette crise interne provoque "une rupture des prises en charge traumatologiques", et plus de 500 consultations et 200 interventions ont été annulées ou reportées.

Le médecin craint par ailleurs "à terme des conséquences sociales". "Je n'imagine pas que le Dr Hammami qui a promis de détruire ce service d'orthopédie puisse le reconstruire dans l'état d'esprit où il a toujours été", estime le chirurgien.

Considéré comme un "lanceur d'alerte"

Dédouané par un conseil de discipline nationale, le Dr Raouf Hammami, a été reconnu le 10 mars comme "lanceur d'alerte" par le Défenseur des droits. Il avait été victime de "représailles" des responsables de santé locaux pour avoir dénoncé à partir de 2018 les agissements de son collègue Gilles Norotte, selon l'institution nationale.

Dans la foulée, le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers (CNG, qui dépend du ministère de la Santé) a décidé le 9 avril de ne pas prendre de sanction à l'encontre du Dr Hammami.

"Aussi regrettables que puissent être certains termes que vous avez employés ou certaines de vos attitudes, votre comportement ne peut être qualifié de fautif", écrit sa directrice dans une décision dont l'AFP a obtenue copie.

Le Dr Hammami a accueilli cette décision avec "soulagement et satisfaction", a-t-il déclaré à l'AFP, se disant "lavé de tout accusation de harcèlement, menace ou comportement inadapté."

Benjamin Rieth Journaliste BFM Régions