"C'est excellent pour le mental": à 80 ans, la Manosquine Monique est double championne d'Europe de natation

Monique Verney est championne d'Europe du 200m et 400m nage libre dans sa catégorie. - BFM DICI
Au centre aqualudique de DLVAgglo à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), certains nageurs impressionnent. C'est le cas de Monique Verney qui, à 80 ans, est double championne d'Europe du 200m et 400m nage libre dans sa catégorie. Une performance qu'elle réalise en portant les couleurs de l'EPM Manosque.
Pourtant, celle qui enchaîne désormais les podiums ne savait pas nager il y a encore quelques années. "J'ai commencé la natation à la suite d'un cancer du sein, et comme je ne bougeais plus le bras je suis allée nager dans la piscine d'amis et ça m'a permis de voir que mon bras bougeait mieux. À l'époque il n'y avait pas de rééducation", explique-t-elle à BFM DICI.
Monique Verney commence donc la natation très tardivement. "De ma génération, le sport ce n'était pas pour les filles et quant au fait de savoir nager, ce n'était pas encore courant. Il n'y avait pas des piscines partout à l'époque même si on commençait à voir des piscines tournesols".
"Je ne savais pas nager"
Ce sont ses problèmes de santé qui l'entraînent donc par hasard dans le bassin qu'elle ne quitte plus depuis. "Comme je ne savais pas nager, j'avais 40 ans, je me suis rapprochée de la mairie de Manosque qui proposait des cours de natation et par la suite je me suis rapprochée du club de Manosque où j'ai passé des tests (...). Ça a duré pas mal d'années et un jour c'est une amie caissière qui m'a demandé 'pourquoi tu ne fais pas de compétition?'"
"J'ai fait ma première à Dunkerque à 60 ans, j'ai ramené une médaille d'argent et j'y ai pris goût!" raconte la nageuse.
Une première performance galvanisante qui l'a poussée à continuer. "Ce qui était motivant, c'est que j'ai quand même eu des résultats" explique-t-elle. "Vous avez un grand stress au départ, même s'il est positif, et après la compétition vous ressentez un grand bien-être et pendant les entraînements vous vous donnez plus parce que vous avez un objectif".
Si Monique Verney est depuis quelques semaines double championne d'Europe du 200m et 400m nage libre dans sa catégorie, elle reste modeste. "Il faut savoir qu'il n'y a plus beaucoup de monde dans mes catégories alors quand on arrive au championnat de France on se connait toutes! Mais si la compétition n'est pas féroce on aime bien se titiller entre nous et on a toutes envie de faire mieux que l'autre", assure la compétitrice.
"Un parcours atypique"
Ses performances sont saluées par le maire de Manosque Camille Galtier qui lui a adressé un courrier. Elles font aussi la fierté de son club l'EPM Manosque, créé il y a 70 ans. Sur les 500 adhérents, 70 font des compétitions et quelques-uns concourent parmi les masters comme Monique Verney.
"Elle n'est pas la doyenne mais elles sont deux à se battre le titre et la deuxième fait également de la compétition", explique Jean-Pierre Chaberty, président de l'EPM Manosque.
"Les masters d'un certain âge comme le mien en général font des 50 ou des 100m, c'est très rare de faire du 800 ou du 1500m comme Monique et d'autres masters du club d'ailleurs, (...) je suis fier de tous ceux du club car tout le monde se donne mais Monique c'est vrai que je l'admire" ajoute-t-il, saluant son "parcours atypique".
Quatre entraînements par semaine
Mais que ce soit à 80 ou à 20 ans, nager à haut niveau demande des prouesses physiques et un entraînement régulier. Monique Verney nage au moins quatre fois par semaine, accompagnée par les entraineurs de son club.
"Ils me donnent des petites clés et il suffit que ce jour-là je sois réceptive et j'arrive à faire des meilleurs temps après!" se réjouit-elle.
L'octogénaire apprécie particulièrement "la bienveillance" des entraîneurs malgré leur différence d'âge. "On ne va pas se mentir, on ne va pas faire de supers performances. Ils ne nous laissent pas tomber, et ça fait partie de ma croisade ce n'est pas parce qu'on a un certain âge qu'on n'a pas envie de progresser, d'avancer et de se maintenir et surtout au niveau du mental. C'est excellent pour le mental car ce n'est pas facile de bien vieillir!".
Passionnée, Monique Verney pense déjà à la prochaine compétition et veut continuer de prouver qu'il n'y a pas d'âge pour se dépasser.