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Alpes du Sud

Chute de Cyprien Sarrazin: à Superdévoluy, ses proches partagent leur inquiétude

Cyprien Sarrazin.

Cyprien Sarrazin. - ICON Sport

Dans le Dévoluy, d'où est originaire le champion de ski Cyprien Sarrazin, ses proches partagent leur inquiétude après sa chute en Italie.

Trois jours après la violente chute de Cyprien Sarrazin lors d'un entraînement à la coupe du monde de Bormio en Italie, le monde du ski est toujours sous le choc. Dans le Dévoluy, d'où est originaire le champion de ski, ceux qui le connaissent partagent la même inquiétude. Michel Prayer, l'un des moniteurs, aussi appelé "Tonton Michou", s'exprime auprès de BFM DICI.

"Tout le monde a le cœur serré"

"On ne parle pas de revenir sportivement, on passe à tout autre chose", souffle l'ancien formateur du Cyprien Sarrazin. "Il s'agit dans un premier temps de retrouver sa santé de base. Je pense très fort à sa famille, son papa, sa maman, sa sœur, qui sont comme nous tous, hyper inquiets", affrme-t-il.

C'est toujours compliqué pour nous parce que c'est un gamin du pays et quand on voit une gamelle comme ça, on croit que c'est notre gamin qui prend la gamelle", ajoute-t-il, avec la voix se brise lorsqu'il prononce ces derniers mots.

Comme tous ceux qui connaissent le champion de ski à Superdévoluy, Tonton Michou suit l'évolution de la situation avec attention. "Chaque fois qu'il y a des anomalies, et celle-ci est énorme, évidemment tout le monde a le cœur serré et le cœur gros", renchérit André Borel, l'un des plus anciens de la station et un cousin éloigné de Cyprien Sarrazin. "On suit de près ce qui se passe et on prie le ciel pour qu'il aille bien et rapidement", indique-t-il.

Un élève naturellement doué

Heureusement, la situation de l'enfant du pays semble se stabiliser. La veille samedi 28 décembre, un communiqué de la Fédération française de ski donnait des nouvelles rassurantes: après "son opération vendredi soir à l’hôpital de Sondalo près de Bormio, Cyprien Sarrazin est réveillé et conscient. Son état est stable, il sera gardé en observation pour une durée encore indéterminée".

De l'autre côté des Alpes, le directeur technique de l'ESF du Dévoluy, Bruno Léauthier, est en contact régulier avec le père de l'accidenté. Dévasté par la nouvelle et très inquiet, celui qui est moniteur à la Joue du Loup avait pris le premier avion pour Milan à l'annonce de la chute de son fils. C'est grâce à lui que Bruno sait que Cyprien Sarrazin est sorti dans la matinée de réanimation, où il a été opéré avec succès d'un hématome intracrânien.

Soulagé, il se rappelle, avec le sourire, d'un élève naturellement doué lors de ses années de formation. À tel point que la station de Superdévoluy était devenue trop petite pour le futur champion et qu'il avait dû partir dans la vallée du Champsaur pour parfaire sa formation.

"Il impressionnait tout le monde parce qu'il était doué techniquement et qu'il n'avait pas peur de la vitesse", se souvient-il. "Entre ne pas avoir peur et être une tête brûlée, il y a une différence", acquiesce André Borel. "Il n'a pas peur du tout parce qu'il a des capacités physiques exceptionnelles, mais il est toujours en contrôle".

La piste de Bormio au centre des critiques

Une fois la frayeur passée, pour Tonton Michou, c'est la colère qui prend le dessus. Le moniteur préfère pointer du doigt les défaillances dans la préparation de la piste plutôt que les erreurs de son ancien élève.

"Il avait déjà eu des grosses chutes en entraînement, en géant ou en épreuve de vitesse. À Bormio, il a fait une toute petite erreur avant la bosse qui lui a coûté très cher, mais c'est surtout du côté de la préparation de la piste qu'il faut regarder. On a vu que la piste était quand même compliquée, il y a certains coureurs qui étaient vraiment en colère", détaille-t-il.

La piste de Bormio est en effet dans l'œil de nombreux acteurs du ski alpin, qui critiquent sa dangerosité alors qu'elle recevra les épreuves de descente des Jeux olympiques de Milan Cortina 2026. Parmi eux, son ami et collègue en équipe de France: Nils Allègre n'a pas mâché ses mots au micro d'Eurosport ce vendredi 27 décembre.

"Ils ne savent pas préparer une piste. Ça fait quarante ans qu’ils en préparent, mais ils ne savent rien faire du tout à part des choses dangereuses. (...) À un an d’organiser les Jeux olympiques, faire une piste comme ça… Ils ne méritent pas d’avoir les JO ici", déclarait-il.

En plus de Cyprien Sarrazin, l'Italien Pietro Zazzi a subi une fracture de la jambe droite, lui aussi lors d'un entraînement ce vendredi à Bormio. Ce dimanche 29 décembre, c'était au tour de Gino Caviezel de chuter lors du Super-G. En fin de journée, le skieur suisse a été diagnostiqué d’une luxation d’une épaule et d’une blessure à un genou. Sa saison semble elle aussi compromise.

Solenne Bertrand