Accident mortel d'escalade à Orpierre: deux ans de prison avec sursis requis contre deux responsables du stage

Deux responsables d'un stage d'escalade organisé par le club alpin français de Roanne à Orpierre (Hautes-Alpes) en 2024 étaient devant la justice ce jeudi 15 mai, après la mort d'une adolescente qu'ils encadraient. Parmi eux figure le président de l'association sportive.
Le 18 avril 2024, Camille, âgée de 16 ans et originaire de Roanne, a fait une chute d'une quinzaine de mètres lors d'une sortie d'escalade sur le site de l'Adrech. Gravement blessée, elle est morte de ses blessures deux jours plus tard. Un drame qui avait bouleversé le petit village haut-alpin.
L'enquête a montré que Camille a grimpé avec une corde trop courte et qu'il manquait un nœud au bout de celle-ci.
Plus d'un an plus tard, le ministère public a requis contre les deux prévenus deux ans d'emprisonnement avec sursis, une interdiction d'encadrer toute activité pendant cinq ans ainsi que 20.000 euros d'amende pour la personne morale.
"Je ne l'explique pas"
La procureure de la République a qualifié l'audience "d'attendue et d'éprouvante" ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Gap. La question de la sécurité a été évoquée, avec notamment le fait qu'aucun encadrant n'a vu la corde de Camille.
L'audience s'est également attardée sur les questions de responsabilités: ce jour-là, huit encadrants étaient présentes pour 21 jeunes.
Comment l'adolescente a-t-elle pu prendre une corde inadaptée? "Je ne l'explique pas", ont tous deux répondu les responsables interrogés par le président du tribunal. Philippe D., responsable du groupe escalade, a admis avoir commis une faute: "Je n'ai pas anticipé qu'une adolescente partirai avec un brin de rappel."
Décision attendue le 3 juillet
La famille de Camille était elle aussi présente à l'audience. Ses parents se sont chacun exprimé devant le tribunal, encore grandement bouleversé et traumatisé après la mort de Camille.
"Si j'avais su qu'elle allait grimper en autonomie, jamais je ne leur aurais confié ma fille", a lancé le père de Camille lors du procès. "L'impossible a été rendu possible par ces gens-là."
"Pour moi, la montagne c'est synonyme de mort", a quant à elle avoué la mère de l'adolescente. "Je ne peux plus sortir de chez moi, quand je sors, je vois Camille."
Le maire d'Orpierre Gilles Crémillieux était lui aussi présent à l'audience. "Chaque échange avec les parents est extrêmement émouvant", confie-t-il au micro de BFM DICI, la voix tremblante d'émotions. "Ce sont des gens courageux, dignes, et malheureux."
De cet accident, l'édile en retire une leçon. "C'est que la sécurité est la clé, c'est une évidence qu'il faut répéter. En matière d'escalade, la sécurité est fondamentale", insiste-t-il.
Chaque année, la commune investit 30.000 euros pour la vérification des 400 voies d'escalade présentes sur son territoire. La décision de justice est attendue le 3 juillet prochain.