Alpes-de-Haute-Provence: une régulation préalable par téléphone mise en place pour les urgences

Faute de personnel, les urgences de Manosque sont régulièrement fermées. - BFM DICI
La situation des hôpitaux des Alpes-de-Haute-Provence est particulièrement inquiétante depuis plusieurs mois. À Digne-les-Bains, Sisteron ou Manosque, le constat est le même concernant les urgences: de nombreux postes sont manquants.
Dans le premier centre hospitalier par exemple, 18,5 équivalent temps pleins (ETP) de soignants seraient nécessaires pour que le fonctionnement soit optimal. Or seulement 15,9 sont actuellement en poste, dont une partie vient du Samu.
Au centre hospitalier Louis Raffalli de Manosque, le manque de soignants se fait également ressentir, puisque seulement 9,63 ETP sont disponibles, alors qu'il en faudrait 15,8.
Appeler le 15 avant de se rendre aux urgences
Cette situation crée depuis plusieurs mois une tension dans les hôpitaux, aussi bien pour les patients que pour le personnel soignant, comme l'explique Philippe Karpoff, directeur médical du Samu 04.
"Depuis la fermeture des urgences à Manosque, nous avons fait à Digne beaucoup de temps additionnel pour assurer un service d'urgences dans le département et on s'est épuisé sur ce temps supplémentaire", déplore-t-il auprès de BFM DICI.
"Donc on a décidé d'en faire moins et on voit bien qu'en faisant ça, on arrive plus à ouvrir Digne comme avant", poursuit-il, en assurant que cette décision visait à ouvrir une "discussion" pour qu'un autre service d'urgences soit "ouvert dans le département".
Le directeur médical du Samu 04 souhaite ainsi qu'une "alternance Digne/Manosque" soit organisée avec des "effectifs égaux".
Avant que les problèmes structurels ne soient résolus, les patients sont désormais incités à composer le 15 avant de se rendre aux urgences, afin de bénéficier d'une première évaluation médicale par téléphone. Cela permettra de déterminer la prise en charge adéquate et donc de limiter l'afflux dans les services d'urgences.
"La régulation a toujours existé, mais on l'a intensifiée (...). C'était nécessaire qu'on puisse avoir la main sur tous ceux qui viennent aux urgences" justifie Philippe Karpoff.
Une campagne de communication prévue par l'ARS
Cette mesure de régulation préalable a déjà fait ses preuves dans d'autres départements d'après Bertrand Biju-Duval, directeur de l'ARS des Alpes-de-Haute-Provence.
"Ça diminue les passages injustifiés aux urgences et on constate une baisse de 15 à 20% des passages", détaille-t-il. Il assure que les patients non pris en charge par les urgences sont "orientés par ailleurs" et bénéficient "d'un conseil médical téléphonique".
Selon lui, "dans 60% des cas ça suffit et ça soulage les urgentistes qui peuvent se concentrer sur leur cœur de métier". Il estime que la régulation "permet aux patients d'être mieux orientés et de bénéficier du bon soin au bon moment."
Composer le 15 s'impose donc comme le nouveau réflexe à avoir dans les Alpes-de-Haute-Provence en cas de problème de santé important. Afin qu'un maximum d'habitants soit mis au courant, l'ARS mise sur une large communication.
"Une communication au grand public sera faite avec des affiches présentes dans les commerces, aussi de la diffusion via les réseaux sociaux et une déclinaison en langue anglaise pour les touristes", affirme Bertand Biju-Duval.
Celui-ci précise que "des mécanismes sont en place pour que des personnes qui se présenteront et qui n'ont pas eu l'information puissent être orientées avant l'accès aux urgences".
Une mesure qui pourrait être étendue dans la région
Si cette mesure vise à obtenir un meilleur accès aux soins l'ARS confirme que son principal "défi de fond et structurel" reste "d'augmenter les effectifs d'urgentistes". Bertrand Biju-Duval assure que ceux-ci "augmentent peu à peu", mais à une cadence limitée et insuffisante.
"On a bon espoir que la régulation serve de mesure d'attractivité, parce qu'un urgentiste qui choisit notre département sait que son savoir va être consacré avant tout à de la médecine d'urgence. C'est ça aussi qui motive les médecins et qui les ont fait choisir cette carrière", conclut Bertrand Biju-Duval.
Cette mise en place de la régulation préalable des urgences est une première en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il n'est pas exclu que cette mesure soit étendue à d'autres départements si les résultats sont probants.