BFM DICI
bfmdici

Alpes-de-Haute-Provence: la filière lavande menacée par une règlementation européenne?

placeholder video
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur était à Valensole ce jeudi pour apporter son soutien aux producteurs de lavande menacés par un projet de réglementation européenne.

Sa visite était très attendue par tout un secteur et Renaud Muselier a répondu présent. En déplacement à Valensole ce jeudi matin, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a voulu apporter son soutien indéfectible aux producteurs de lavande.

Ces derniers sont en effet sous la menace d'un projet de réglementation de la Commission européenne. Celle-ci souhaite revoir la classification de certains produits et pourrait classer les huiles essentielles de lavande et de lavandin parmi les produits dangereux d'ici 2025. Une décision qui, si elle entrait en vigueur, aurait un impact néfaste sur les ventes des producteurs valensolais.

Un produit 100% naturel

Lors de sa visite dans une exploitation de Valensole, ville connue pour sa production de lavande, Renaud Muselier a expliqué vouloir faire changer d'avis l'exécutif européen.

"Il faut que le lobby à faire au niveau de Bruxelles soit efficace pour sortir le côté "dangerosité" d'un produit qui à travers les millénaires à prouver plutôt son efficacité", a déclaré le président de la région.

Présente à Valensole avec Renaud Muselier ce matin, la présidente (LR) du Conseil départemental des Alpes-de Haute-Provence Eliane Barreille, a assuré sur le plateau de BFM DICI que le département se tiendrait aux côtés de la région et des producteurs de lavande dans ce combat.

"Si une telle directive était adoptée, ce serait la mort de nos lavandiculteurs entre autres, et de nos copératives", s'est alarmée Eliane Barreille.

Des possibles molécules présentes naturellement dans la lavande justifieraient la décision européenne. Celles-ci entraîneraient des allergies ou pourraient contenir des perturbateurs endocriniens. Les producteurs rappellent eux pour leur défense, que l'huile essentielle de lavande est un produit 100% naturel extrait seulement avec de la vapeur d'eau.

"Il ne faut pas tomber dans un lobby peut-être pharmaceutique ou peut-être une mauvaise compréhension de la lavande et du lavandin sur notre territoire", a appelé Renaud Muselier lors de son déplacement

Sur Twitter le mois dernier, la Commission européenne a tenu à préciser que l'objectif est de protéger au mieux les consommateurs et l'environnement. "Tous les acteurs de la filière seront largement consultés avant la présentation de nos propositions", a-t-elle assuré.

9000 emplois directs générés par la filière

La lavande appelée "l'or bleu" par les habitants, est non seulement un emblème de la région mais aussi un moteur de l'économie de Provence-Alpes-Côte d'Azur. La France est le premier producteur d'huiles essentielles de lavandin et le deuxième de celles de lavande au monde. La filière génère 9000 emplois directs et 17.000 emplois indirects issus du tourisme et de la production de miel.

Selon le syndicat des Plantes à parfum, aromatiques et médicinales de France (PPAM), cette réglementation pourrait menacer la moitié de la centaine de distilleries d'huiles essentielles qui existent en France. Cette décision pourrait par conséquence, faire disparaître certains des paysages provençaux de lavande qui attirent chaque année de nombreux touristes.

" Ça implique beaucoup moins de ventes pour nous. Qui dit beaucoup moins de ventes, dit plus de revenus. Et si on a plus de revenus, les paysages provençaux comme j'ai derrière chez moi ou comme on a sur les belles cartes postales, on va plus en trouver", s'inquiète au micro de BFM DICI Rémi Angelvin, exploitant de lavande à Valensole.

Une pétition lancée sur Internet

Une pétition a été lancée en ligne par les distillateurs et les agriculteurs du secteur il y a quelques semaines pour s'opposer à cette règlementation. Près de 135.000 personnes ont déjà signé.

"Exigeons ensemble de la Commission européenne une approche spécifique adaptée aux produits naturels et aux huiles essentielles", plaident les auteurs de la pétition.

Les producteurs de lavande avaient déjà lutté contre une mesure du règlement REACH sur les risques liés aux substances chimiques il y a quelques années. Celle-ci visait à introduire le symbole de la tête de mort sur les flacons d'huiles essentielles de lavande.

Gauthier Hartmann