BFM DICI
bfmdici

Alpes-de-Haute-Provence: l'avenir de Cinéma de Pays au centre des inquiétudes

Le Cinéma de Pays offre depuis 1996 des séances dans une quarantaine de villages des Alpes-de-Haute-Provence.

Le Cinéma de Pays offre depuis 1996 des séances dans une quarantaine de villages des Alpes-de-Haute-Provence. - BFM DICI

L'association ADAMR-Cinéma de Pays est inquiète pour son avenir. Plus de président, moins de bénévoles et baisse des subventions font craindre un arrêt de l'initiative qui propose du cinéma itinérant dans une quarantaine de communes des Alpes-de-Haute-Provence depuis bientôt 30 ans.

C'est une association qui apporte le "7ème art" dans les villages ruraux des Alpes-de-Haute-Provence. Imaginez-vous une chaude soirée d'été dans un village provençal où chantent doucement les cigales et un grand écran qui nous emporte dans un autre monde le temps de quelques heures. Le tout en partageant le moment avec d'autres amateurs, cinéphiles ou pas, mais tous enchantés par la culture.

C'est un peu ce que Cinéma de Pays offre depuis 1996 en proposant du cinéma itinérant dans une quarantaine de villages des Alpes-de-Haute-Provence. Lancée par Jean-Marie Cayet, l'association est aujourd'hui inquiète pour son avenir.

Fin mai, lors de l'assemblée générale, le président sortant n'a pas souhaité se représenter. Aujourd'hui, il n'a toujours pas de remplaçant. Mais, comme toutes les associations, Cinéma de Pays souffre aussi d'un manque de bénévoles et d'une baisse de ses subventions, et n'a pas d'autres choix que de fonctionner avec quelques salariés qui ont forcément un coût, sans compter les déplacements.

"On est dans un département très vaste, donc le moindre déplacement peut aller jusqu'à 200 km. Alors, en calculant la route, les frais du véhicule et le personnel pour parfois deux spectateurs, c'est rare mais ça arrive, le bénéfice n'est pas très élevé lors de ces soirées, c'est le risque", explique Jean-Marie Cayet à BFM DICI.

Une association appréciée des habitants

Si l'association s'interroge sur son avenir, il semblerait que personne ne souhaite sa disparition.

"À l'heure actuelle, aucun élu ne veut que ça s'arrête. Certains villages sont souvent très loin de l'offre culturelle et le fait qu'on leur apporte le cinéma au village avec des films récents, c'est le petit plus culturel, donc, eux, veulent le maintenir", ajoute-t-il.

Bien que les séances ne soient pas toujours complètes, en raison de la télévision et des nombreuses plateformes proposant des films variés selon l'association, Cinéma de Pays sait que le cinéma itinérant doit peut être aussi trouver une nouvelle manière d'intéresser le public.

"C'est comme quelqu'un qui regarde un match de foot à la télé et au stade. Vous n'aurez pas la même ambiance devant la télé qu'au cinéma, et c'est ce qui sauve un peu le cinéma, mais peut-être qu'il faudra se diversifier et créer des événements autour des films avec des échanges, des débats. C'est peut-être ça qui plaira au public de demain", analyse Jean-Marie Cayet. 

Un label "Art et Essais"

Avant de se projeter sur le futur de Cinéma de Pays, il faut d'abord faire perdurer l'association. "Dernièrement, on a eu beaucoup de retours d'acteurs culturels dans le département qui sont prêts à nous aider, élus et autres", précise le fondateur de l'association.

En septembre, le groupe se réunira avec l'Association Nationale des Cinémas Itinérants, qui les épaulera pour essayer de trouver des solutions. Il a déjà rencontré des personnes de l'agglomération Durance Luberon Verdon, qui interviendront aussi pour des demandes de subventions.

L'espoir pour l'association est très récent: au mois de juin, le circuit itinérant de Cinéma de Pays a obtenu le label "Arts et Essais". Un label qui pourrait peut-être apporter un nouveau souffle à l'association.

"Il nous manquait ce label pour obtenir des aides de la région, de la DRAC, du ministère de la Culture, donc c'est un petit plus parce qu'au rythme où on est actuellement, c'est certain qu'à la fin de l'année on met la clé sous la porte", explique Jean-Marie Cayet. 

Si l'avenir de Cinéma de Pays se décidera au mois de septembre, pas question pour l'association d'arrêter les projections. Elle commencera sa tournée d'été dès le 7 juillet. L'occasion pour les amoureux de la culture et les cinéphiles d'aller les soutenir lors d'une de leurs 50 projections. 

Laurie Charrié