Accueil des migrants: les Terrasses solidaires rouvrent à Briançon

L'association Refuges Solidaires a décidé de rouvrir ce mercredi son lieu d'hébergement d'urgence fermé depuis le 24 octobre. La veille, la justice avait rejeté leur recours pour obtenir de l'Etat l'ouverture d'un nouveau lieu d'accueil.

C'est une réouverture dictée par "l'urgence". Dans un communiqué, l'association Refuges solidaires, gestionnaire des Terrasses Solidaires, un lieu d'hébergement d'urgence pour migrants à Briançon (Hautes-Alpes), indique avoir décidé de rouvrir ses portes ce mercredi. "Les Terrasses Solidaires rouvrent leurs portes à l’association Refuges Solidaires pour accueillir 60 personnes exilées", écrit l'association.

"Bien que toutes les conditions ne soient pas complètement réunies, le froid précipite la reprise des activités de Refuges Solidaires au sein du tiers-lieu Les Terrasses Solidaires, avec les risques que cela représente", poursuit le communiqué.

Un lieu d'accueil fermé depuis deux mois

L'association assure par ailleurs qu'elle continuera à gérer l'accueil de migrants dans la tente de 50 places mise à disposition par Médecins sans frontière sur le terrain de la salle paroissiale Sainte-Thérèse, en partenariat avec le Secours catholique "dans des conditions précaires et dans la limite de sa capacité".

Les Terrasses solidaires avaient fermé leurs portes le 24 octobre, après un afflux d'arrivées de migrants par la frontière franco-italienne. Ce soir-là, près de 230 personnes étaient hebergées dans ce récent lieu d'accueil, alors que la capacité du lieu était de 80 places, en raison des normes de sécurité.

Le lieu d'accueil avait dû fermer ses portes en urgence, deux mois seulement après son ouverture. Les Terrasses solidaires avaient en effet succédé à l'ex-Refuge solidaire situé dans une caserne désaffectée du centre-ville appartenant à la communauté de commune du Briançonnais (CCB).

Une réouverture au goût amer

Cette réouverture est à la fois une bonne nouvelle pour les exilés et un échec pour les associations d'aide aux migrants qui n'ont pas réussi à faire plier la préfecture des Hautes-Alpes.

A plusieurs reprises, elles avaient réclamé que la préfecture assume sa responsabilité quant à la mise à l'abri des migrants. Un bras de fer s'était alors engagé, l'association conditionnant la réouverture des Terrasses Solidaires à une aide de l'État.

"On ne rouvrira pas tant qu'il n'y aura pas de nouvelles conditions et de l'aide de l'État", indiquait en octobre dernier Jean Gaboriau, l'un des administrateurs du lieu, à BFM DICI.

Le tribunal administratif donne raison à l'État

Selon Refuges Solidaires, la préfecture "réfute la nécessité de lieux d’accueil d’urgence en mettant par la même occasion en cause la légitimité des associations et oppose ainsi une fin de non-recevoir à nos conditions de réouverture de l’accueil au sein du tiers-lieu des Terrasses Solidaires."

L'association Tous Migrants avait également saisi la justice en déposant un référé-liberté pour réclamer à l'État la mise à disposition d'une structure pour remplacer les Terrasses Solidaires.

Une requête rejetée par le tribunal administratif de Marseille ce mardi, ce dernier estimant que l'association ne "justifiait pas d'une "situation d'urgence". Dans son communiqué, Refuges Solidaires regrette que le tribunal "ignore les prérogatives de l’État en matière d’hébergement d’urgence et laisse la responsabilité aux associations et notamment à Refuges Solidaires de l’accueil des personnes exilées."

Louis Chahuneau