Mieux connues, les Zones à Faibles Emissions (ZFE) sont de plus en plus rejetées par les automobilistes

Sous un acronyme un peu (moins) nébuleux, les Français découvrent une réalité à laquelle ils peinent à adhérer. Au moins pour une bonne moitié d’entre eux. Selon le dernier Observatoire des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et des véhicules électriques* publié ce jeudi, 49% des personnes interrogées se disent opposées aux ZFE-m (Zones à Faibles Emissions mobilités).
Un chiffre en hausse de six points par rapport à la précédente enquête sortie en mai 2022. Et ce, alors que 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants doivent mettre en place ce dispositif d’ici 2025.
"La problématique, c’est l’adaptation"
En les connaissant mieux, les automobilistes en mesurent de plus en plus la principale conséquence: l’interdiction d’utiliser leur véhicule pour entrer dans les ZFE s’il est trop ancien. Les avis négatifs sur les ZFE grimpent ainsi à 62% chez les propriétaires de voitures aux vignettes Crit’Air 4, 5 ou non classés (en grande majorité des véhicules diesel de plus de 18 ans et des essence de plus de 25 ans).
"Les possesseurs de véhicules impactés sont aussi sensibles aux problématiques environnementales que les autres Français. La problématique, c’est l’adaptation", résume Franck Cazenave, expert en mobilité, à l’origine de l’étude.
"Les gens sont plus nombreux à être au courant et comprennent qu’ils sont directement impactés mais n’ont pas les moyens de s’adapter", poursuit-il.
Selon les calculs des auteurs de l’étude, ce sont près de 6 millions de véhicules qui ne seront plus autorisés à circuler au 1er janvier 2025 dans une ZFE-m (4,1 millions de véhicules Crit’air 3 et près de 2 millions Crit’Air 4,5 et non classés). Or, plus d’un tiers (36%) des propriétaires expliquent qu’à cette date, ils continueront d’utiliser leur véhicule, désormais interdit, car ils n’ont pas les moyens d’en changer.
"Avec cette étude, on voit qu’il y a une impossibilité à s’adapter par rapport au ZFE pour une grande partie des possesseurs de véhicules Crit’Air 4 et 5. Et c’est en partie le cas également pour les Crit’Air 3, où c’est encore plus massif car il y a plus de véhicules, résume Franck Cazenave. Nous avons un vrai problème devant nous".
Plus d'aides, décaler l'entrée en vigueur
Les véhicules Crit’Air 3 regroupent des modèles diesel âgés aujourd’hui de 13 à 17 ans et des essence de 18 à 25 ans. "Si on ne fait rien, nous aurons un problème environnemental auquel on rajoute un problème social. Cela risque d’ajouter à la colère", poursuit Franck Cazenave.
Les auteurs de l’étude proposent de reporter de 2025 à 2027 l’interdiction d'entrer dan ZFE-m pour les Crit'Air 3 des aides plus conséquentes pour changer de véhicules -une prime de 4000 euros sous conditions de ressources.
Un mouvement déjà pris par certaines villes. La Métropole du Grand Paris a ainsi reporté une première fois l’interdiction de circuler pour les Crit’Air 3 du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023, et pourrait acter un nouveau report la semaine prochaine, cette fois pour 2024. Lyon a également offert un sursis de deux ans aux véhicules Crit’Air 2, interdits au 1er janvier 2028 et non en 2026. A Toulouse, selon la Dépêche, de nouvelles aides vont être votées pour aider les propriétaires de véhicules Crit’Air 3 à changer de véhicules.
*Observatoire des Zones à Faibles Émissions et des véhicules électriques: Questionnaire administré online sur la base d’une durée moyenne de 15 minutes sur les panels CSA Link, Dynata et Pure Spectrum du 9/1/2023 au 1/2/2023 auprès d’un échantillon national représentatif de 10 022 Français de 18 ans et +. (quotas). Des boosts ont été réalisés auprès des détenteurs d’au moins un véhicule Crit’Air 3, 4, 5 ou Non classé (NC) dans certains départements d’habitation ou de déplacement dans le cadre du travail / les études, afin de disposer de bases suffisamment robustes. Soit un total de 10 370 répondants.
