Le plan des constructeurs français pour des petites voitures électriques à un prix abordable

Une petite voiture électrique entre 20.000 et 25.000 euros. C’est ce qu’anticipent les constructeurs automobiles français au milieu de la décennie. Comme le rappelait cette semaine Carlos Tavares sur France Info, une petite voiture électrique comme la Peugeot 208 électrique coûte aujourd’hui environ 30.000 euros quand le modèle thermique équivalent coûte plutôt dans les 20.000.
"Ce qui traduit l’écart de prix entre thermique et électrique", explique le directeur général de Stellantis. Ce qui exclue surtout de nombreux acheteurs.
Cet écart va se réduire, anticipe cependant Carlos Tavares: "Dans nos prévisions, en 2026, nous aurons une égalité de la structure de coûts entre les deux technologies [électrique et thermique, ndlr]".
Des éléments communs
Pour les spécialistes du marché, 25.000 euros semble le prix pivot pour généraliser la voiture électrique auprès des acheteurs, même en réduisant certaines aides. Les généralistes ont donc tout mis en place pour atteindre cet objectif. C’est le cas de Renault, qui mise en plus sur une production française d’une grande partie de sa gamme électrique. La prochaine petite voiture électrique du constructeur, la R5, a été pensée pour atteindre cette cible de prix.
Tout part de sa plateforme CMF-BEV. Cette plateforme cousine de la CMF-B dédiée aux moteurs thermiques, mais ici adaptée à l’électrique, permet d’utiliser nombre de composants communs: "train avant, climatisation", nous liste Gilles Le Borgne, directeur R&D du Groupe Renault. "Cela donne de très gros volumes", poursuit-il, ce qui entraîne une baisse des coûts à l’achat.
Cette plateforme va ensuite équiper toute une famille: R5, mais aussi future 4L et remplaçante de la Micra. Ce qui laisse espérer encore plus de volumes grâce aux planches de bord communes, au même infotainment, La R5 bénéficiera aussi de la réduction de la "diversité", comme l’appellent les ingénieurs automobiles. Ce qui signifie que le nombre de finitions, d’options, de versions différentes sera limité.
Un outil industriel adapté
Renault a aussi travaillé sur son outil industriel: le nouveau pôle Electricity. La R5 sortira ainsi des chaînes de Douai (Nord), une usine dont la grande majorité des fournisseurs (80%) se trouvera à terme à moins de 300 kilomètres, comme le précise Luciano Biondo, le directeur du pôle, dans L’Usine Nouvelle: "Si nous voulons produire des voitures électriques durablement dans le pays, cela veut dire avoir les composants au plus près des usines".
Renault a aussi travaillé sur les batteries du futur véhicule, un post de coûts non négligeable. Les investissements dans la gigafactory de batteries de la R5 sont supportés par le partenaire sino-japonais Envision. La taille des batteries (40kWh pour environ 300 kilomètres d’autonomie sur la version la plus petite) permet aussi de contenir son coût.
Les prix volatiles des voitures électriques
Réussir ce pari d’un véhicule entre 20.000 et 25.000 euros reste cependant une équation complexe dans un contexte d’explosion des prix des matériaux.
"Nous ne devons pas oublier une chose fondamentale: le prix des véhicules électriques est fortement exposé au prix des matières premières, or ce prix est une part importante de la structure de coût des batteries et donc ce que l’on peut anticiper c’est qu’en fonction de la fluctuation du coût des matières premières, le prix des véhicules électriques sera aussi volatile", prévient Carlos Tavares.
Une hausse qui se fait déjà sentir. La Dacia Spring, commercialisée 16.990 euros à son lancement, est désormais commercialisée à 19.800 euros en entrée de gamme. Soit près de 3000 euros de plus.
