Face aux craintes des constructeurs, Donald Trump s'apprête à alléger les droits de douane sur l'automobile

Le président américain Donald Trump s'apprête à signer un décret visant à atténuer l'impact de ses droits de douane sur le secteur automobile, a annoncé la Maison Blanche. Des représentants de l'administration ont précisé que les mesures à venir permettraient d'alléger certains droits de douane prélevés sur des pièces étrangères utilisées dans la fabrication de véhicules aux Etats-Unis, tandis que les importateurs n'auraient pas à payer deux fois des prélèvements du même type - à la fois sur les voitures et sur les matériaux.
"Le président signera le décret sur les droits de douane sur les automobiles dans le courant de la journée et nous le publierons, comme nous le faisons toujours", a déclaré la porte-parole de la Maison blanche, Karoline Leavitt, lors d'une réunion avec Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, au sujet du programme de politique économique de l'administration Trump.
"Une victoire majeure pour la politique commerciale" de Washington
L'administration n'a pas encore annoncé officiellement les mesures visant à assouplir les droits de douane, mais des fonctionnaires ont confirmé des informations du Wall Street Journal selon lesquelles les entreprises payant des droits de douane sur les voitures ne se verraient plus imposer d'autres prélèvements, tels que ceux sur l'aluminium et l'acier. Les droits de douane déjà acquittés seraient en outre remboursés.
"Cet accord est une victoire majeure pour la politique commerciale du président, en récompensant les entreprises qui produisent dans le pays, tout en ouvrant la voie aux industriels ayant exprimé leur engagement à investir en Amérique et à y développer leur production", a déclaré le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, dans un communiqué publié lundi en fin de journée, sans plus de précisions.
Donald Trump se rend dans le Michigan mardi pour commémorer ses 100 premiers jours au pouvoir depuis son retour à la Maison blanche le 20 janvier, au cours desquels le président républicain a bouleversé l'ordre économique mondial. L'atténuation de l'impact des droits de douane sur l'automobile est la dernière mesure en date de son administration visant à faire preuve d'une certaine souplesse sur ces prélèvements, qui ont semé le trouble sur les marchés financiers, créé de l'incertitude pour les entreprises et suscité des craintes de ralentissement économique brutal.
General Motors et Ford saluent les changements à venir
Les constructeurs automobiles ont déclaré plus tôt lundi s'attendre à ce que Donald Trump accorde un allègement des droits de douane sur les automobiles avant son voyage dans le Michigan, où sont implantés les trois constructeurs de Detroit et plus de 1.000 grands fournisseurs du secteur. Mary Barra, directrice générale de General Motors, et Jim Farley, qui occupe le même poste chez Ford, ont salué les changements à venir.
"Nous pensons que le leadership du président contribue à uniformiser les règles du jeu pour des entreprises comme GM et nous permet d'investir encore plus dans l'économie américaine", a déclaré Mary Barra.
Jim Farley a pour sa part dit que les changements à venir contribueraient à "atténuer l'impact des droits de douane sur les constructeurs automobiles, les fournisseurs et les consommateurs". L'incertitude déclenchée dans le secteur automobile par les droits de douane s'est toutefois encore manifestée mardi lorsque GM a retiré ses prévisions annuelles, alors que le groupe avait annoncé des ventes et des bénéfices trimestriels élevés. Fait inhabituel, le constructeur automobile a également choisi de reporter une conférence téléphonique prévue avec des analystes à plus tard dans la semaine, une fois que les détails des changements à venir seraient connus.
Des équipementiers automobiles "pas armés"
Une coalition de groupes de l'industrie automobile américaine a exhorté la semaine dernière Donald Trump à ne pas imposer des droits de douane de 25% sur les pièces importées, avertissant qu'ils réduiraient leurs ventes de véhicules et augmenteraient les prix. Le président américain avait auparavant déclaré qu'il prévoyait d'imposer des droits de douane de 25% sur les pièces automobiles au plus tard le 3 mai.
"Les droits de douane sur les pièces automobiles perturberont la chaîne d'approvisionnement automobile mondiale et déclencheront un effet domino qui entraînera une hausse des prix des voitures pour les consommateurs, une baisse des ventes chez les concessionnaires et rendra l'entretien et la réparation des véhicules à la fois plus coûteux et moins prévisibles", ont déclaré les industriels dans un courrier.
Cette lettre des représentants de GM, Toyota Motor, Volkswagen, Hyundai et d'autres a été envoyée au représentant américain au commerce Jamieson Greer, à Scott Bessent et à Howard Lutnick. "La plupart des équipementiers automobiles ne sont pas armés pour faire face à une interruption brutale due aux droits de douane. Nombre d'entre eux sont déjà en difficulté et devront faire face à des arrêts de production, des licenciements et des faillites", a ajouté la coalition dans son courrier, jugeant qu'"il suffit de la défaillance d'un seul fournisseur pour entraîner l'arrêt de la chaîne de production d'un constructeur".