Essai - Angell Bike, le vélo électrique connecté, mais aussi intelligent
Découvrir un Angell Bike est un moment très particulier. C'est un peu comme la découverte de l'iPhone en 2007 ou de la première Tesla en 2008. On se dit au départ que l'on va tester un vélo connecté de plus, erreur. Il a été pensé comme le smartphone d'Apple ou la voiture électrique d'Elon Musk.
En effet, l'Angell n'est pas un simple un vélo électrique et connecté, c'est un vélo intelligent. Mieux, il s'offre la coquetterie d'être hybride. Si on le veut ou en cas de panne de batterie, il est utilisable et reste un vélo connecté. Et sans son smartphone, on peut le paramétrer depuis son écran tactile. Cerise sur le gâteau, il est made in France à 75%, européen pour le reste ou presque.
"L'idée a été de créer un vélo pour ceux qui ne sont ni des passionnés de cyclisme, ni des geeks. Il a été conçu pour faciliter la vie, celle des urbains qui ne veulent plus prendre la voiture et éviter autant que possible les transports en commun", explique Jules Trecco, cofondateur et CEO d'Angell Bike, à BFMTV.
Le pari est réussi avec ce vélo capable de s'adapter à ses utilisateurs plutôt que l'inverse.
"70% du temps et de l'argent consacré au projet Angell l'a été sur du logiciel", indiquait Marc Simoncini, fondateur d'Angell, sur BFMTV.
Ce logiciel va en effet faire référence. Il crée un réseau de communication entre le moteur, la batterie et l'écran tactile intégré sur dans la potence pour afficher les informations nécessaires (météo, qualité de l'air, vitesses, autonomie, modes...). Et bien sur, les fils qui les relient sont dissimulés dans les tubes du cadre. Cette opération qui nécessitent minutie et patience se fait à la main dans le centre de montage de SEB.
Pour ceux qui s'inquiètent du vandalisme, cette écran est protégé apr une plaque invisible pour éviter de se casser. Sa protection a été testée un lâchant un poids de 100 kg à 2 mètres de hauteur.

Pour sa première utilisation, le vélo se paramètre avec un smartphone (iOS ou Android) via l'appli Angell. Les "Préférences" permettent de configurer l'ensemble des fonctions (feux, contrôle des boutons, statistiques, sauvegarde des trajets...).
Il faudra aussi entrer un contact à prévenir en cas de problème. En cas de chute, un message est envoyé à l'utilisateur et sans réponse la personne de son choix sera aussitôt prévenue du moment et du lieu de l'accident.

Mais l'idée est de permettre d'utiliser le vélo même sans mobile. Il suffit d'entrer un code PIN sur l'écran, qui est autonome, et le vélo est totalement opérationnel. Sans ce code, le vélo déclenchera une sirène d'alarme si on y touche. Un SMS sera en même temps envoyé à son propriétaire avec son emplacement pour le retrouver. Une bonne protection contre l'envie de le voler.

Quatre programmes, qui se changent en roulant avec les comodos, sont proposés: Fly Free (assistance électrique désactivée), Fly Eco (optimise l'autonomie de la batterie), Fly Dry (le vélo s’adapte à la vitesse et à la force de pédalage) et Fly Fast pour atteindre rapidement la vitesse maximale.
L'effet du Fly Fast est impressionnant. On sent la poussée dès la moindre impulsion sur les pédales. En mode Fast, on est carrément propulsé. Un mode vraiment utile dans la circulation urbaine.
Et pour encore mieux adapter la conduite à ses usages, trois programmes sont proposés: Free Ride, Navigation (qui affiche l’itinéraire d'un trajet) et Sport.
Ce dernier mode pourrait s'appeler fitness puisqu'il propose de se concentrer sur des objectifs qu'on se fixe (temps de pratique ou calories). Il est d'ailleurs compatible avec le système de calcul et de partage des performances sportives Strava.
Avec le mode Sport, Angell peut se transformer en vélo d'appartement pour s'entraîner sans sortir de chez soi avec un home trainer. Pratique en cas de deuxième vague de Covid-19 ou pour participer au prochain Tour de France virtuel sur Zift.
Si en apparence, tous les Angell Bike se ressemble, aucun n'est pareil. Après avoir parcouru les 100 premiers kilomètres, son système numérique se mettra à jour pour personnaliser les modes et la puissance nécessaire à son utilisation. Ainsi, un cycliste puissant n'aura pas les mêmes réglages qu'un autre moins vigoureux.
La personnalisation va plus loin puisqu'on on peut même partager le même vélo. Chaque utilisateur crée son profil et en se connectant les paramètres s'adapteront instantanément à celui qui monte en selle.
Cette technologie intelligente pourrait-elle donner naissance à une nouvelle génération vélo public partagé? "Pourquoi pas", nous a répondu Jules Trecco avec un sourire.
Côté cycle
Angell n'est pas pour autant un robot. Loin de là. C'est un vélo hybride qui peut se passer de moteur. Avec un poids de 13,9 kg, 12 kg sans la batterie, il ne pèse pas plus lourd qu'un vélo de route classique. D'ailleurs, s'il existait une version non-électrique d'Angell, elle aurait du succès.
"Nous ne nous interdisons rien, Angell est un fabricant de vélo à part entière, mais nous conserverons toujours ce design", nous a confié Jules Trecco sur ce point.
Angell utilise un cadre en aluminium extrêmement fin et pour assembler les différentes parties, les éléments sont collés et non pas soudés. Cette méthode est celle utilisée depuis des décennies pour les vélos haut de gamme comme les Colnago ou les Vitus.

La fourche est en carbone pour ne pas alourdir l'avant et pour mieux absorber les reliefs de la route. Mais ne rêvons pas, sans amortisseur, rouler sur des pavés reste une expérience chaotique.
Notons que tous ces éléments sont made in France. Le cadre est moulé à Vitrolles puis assemblé dans les usines SEB et peint en Bourgogne. Les jantes sont aussi françaises. Par contre, la fourche vient de Pologne et le rayonnage est fait au Portugal.
Pour la transmission, Angell a privilégié une chaîne plutôt qu'une courroie.
"L'idée est de permettre d'entretenir soi-même son vélo ou le confier à un réparateur traditionnel. Le plateau (42 dents) et le pignon (16 dents) peuvent donc aussi être remplacés, comme les autres équipements (selle, poignées, garde-boue avant...) qui sont standards", explique Jules Trecco.
Les freins à disque hydrauliques, dont les câbles sont dissimulés dans le cadre, sont d'une redoutable efficacité. Ils permettent un freinage d'urgence équilibré aussi bien qu'un ralentissement quand la circulation est dense. Sur ce point, les clignotants sont d'une aide précieuse en ville.
Côté moteur
Le moteur (250 W) est presque invisible. Installé dans le moyeu de la roue arrière, il offre une assistance efficace. La version américaine dispose d'un moteur de 350 W pour atteindre 45 km/h, une vitesse autorisée pour les vélos électriques aux Etats-Unis.
Les modes Eco, Confort ou Fast permettent d'aborder tous les reliefs et atteindre les 25 km/h autorisés en France en quelques coups de pédales. Nous avons tenté un démarrage en côte. Laborieux sans assistance, il ne demande presque aucun effort en mode Fast.
Pour y parvenir, un moteur de 250 W est installé dans le moyeu. Et après deux heures de charge, la batterie (36V, 4A) lui fournira de l'énergie pour effectuer 70 km. Elle est amovible pour être rechargée sur prise domestique de 230V en deux heures.
Son originalité est de ne pas être dans le cadre, mais en suspension au-dessus de la roue arrière. Pour éviter d'être balloté en conduisant, elle est fixé sur une patte de métal extrêmement robuste qui permet aussi de visser le garde-boue arrière en option.
Les plus et les moins
Ce vélo ouvre une nouvelle voie. Sa légèreté le rend efficace avec ou sans assistance électrique. Il peut même être pleinement opérationnel sans smartphone.
Autre point fort reste son "intelligence artificielle" qui s'adapte à chaque utilisateur. Idem pour son design. Une version à barre inclinée, Angell/S, est déjà en préparation pour ceux qui n'apprécient pas le design sportif de la barre horizontale.

Sa simplicité est aussi un atout. Pour le configurer, pas besoin de manuel. Un tuto vidéo de prise en main est accessible sur l'écran dès la première utilisation, mais il ne servira pas. Tout est vraiment intuitif.
Si le prix (2690 euros) peut sembler élevé, il reste un critère subjectif. Mais on regrette toutefois qu'à ce tarif, des accessoires comme les garde-boues ou la béquille soient en option. Par contre, il dispose de feux. A l'avant il se situe sur la potence. A l'arrière, ils sont intégrés dans la batterie, comme clignotants qui à l'avant sont dans les poignées.
Enfin, un dernier "moins", mais celui-là très subjectif. La batterie du modèle testé, la version définitive, n'a pas le même design que celle dans photos publiées sur le site Angell. Sa forme est moins sophistiquée et futuriste que celle du prototype qui rappelait le Faucon Millenium de Star Wars. Angell aurait pu donner le choix, mais ce ne sera pas le cas. Un détail qui ne devrait pas heurter les clients qui ont déjà passé commande. Les premiers le recevront à partir du 31 juillet.