Batteries: l’Europe peut se passer de la Chine, à condition de tenir son calendrier industriel

L'Europe pourra-t-elle bientôt se passer de la Chine pour produire ses batteries? Dans la course au véhicule électrique, l'Asie est aujourd'hui incontournable. Une étude de la fédération d'ONG européenne Transport & Environment (T&E) estime néanmoins que l'Europe pourrait mettre fin à sa dépendance aux batteries chinoises dès 2027. A condition de construire une politique commune et d'apporter les financements nécessaires.
Les projets de production de batteries électriques se sont multipliés en Europe ces derniers temps, comme la gigafactory Verkor à Dunkerque ou encore la future usine de Volkswagen en Allemagne. Selon T&E, si tous les projets annoncés se concrétisent, 100% de la demande européenne en cellules de batteries pourrait être assurée par une fabrication "made in UE" dès 2027, de même pour 67% de la demande européenne en cathodes.
Par ailleurs, selon l'étude, l'Europe pourrait également diminuer "de manière spectaculaire" sa dépendance à la Chine en matière de raffinage et de traitement des métaux nécessaires aux batteries, le lithium en premier lieu, si tous les projets annoncés arrivent à leur terme. T&E estime que l'Europe pourrait assurer plus de 50% de sa demande en lithium raffiné d'ici 2027. La France, à elle seule, pourrait fournir 12% de la demande européenne.
Protectionnisme américain
Ces ambitions pourraient cependant être freinées par la politique protectionniste américaine. Le plan contre le changement climatique ("Inflation Reduction Act) prévoit un crédit d'impôt pour l'achat d'un véhicule électrique, si ce dernier a été construit dans une usine américaine avec une batterie fabriquée localement. Ce qui exclut, de fait, les voitures et batteries fabriquées en Europe et pourrait conduire à la délocalisation de certains projets vers les États-Unis.
Pour faire face à la Chine et aux États-Unis, T&E assure qu'une politique commune est la seule réponse possible, évoquant un "fonds de souveraineté" financé par de nouvelles obligations européennes qui investirait directement dans les entreprises concernées pour soutenir ces technologies émergentes.
La Commission européenne travaille actuellement à la mise en place d'un plan européen pour répondre aux subventions américaines.