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Suicide de Dinah: sa famille reçue par deux juges d'instruction, son frère "soulagé" de la relance de l'enquête

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La famille de Dinah Gonthier, retrouvée pendue à Kingersheim en octobre 2021, a été reçue par deux juges d'instruction de Mulhouse en ce 9 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école.

Une famille qui reprend espoir. Un peu plus de deux ans après la mort de Dinah, sur fond de harcèlement scolaire présumé, son frère et l'avocate de la famille ont confié ce jeudi 9 novembre sur BFM Alsace leur "soulagement" face à "une enquête relancée".

Me Laure Boutron-Marmion, l'avocate de la famille, qui soutient que cette adolescente s'est suicidée car elle était victime de harcèlement scolaire, s'est félicitée que l'enquête reprenne après avoir été reçue ce jeudi par deux juges d'instruction de Mulhouse.

"La procédure est relancée (...) l'enquête va suivre son cours", se réjouit cette dernière au micro de BFM Alsace ce jeudi soir.

"On est ressorti sereins et confiants"

L'adolescente âgée de 14 ans avait été retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim (Haut-Rhin) dans la nuit du 4 au 5 octobre 2021.

Après une première plainte classée sans suite par le parquet de Mulhouse, la famille avait, en novembre 2022, déposé plainte avec constitution de partie civile pour "harcèlement moral" et complicité, "provocation au suicide, omission de porter secours et homicide involontaire".

Deux juges d'instruction ont été co-saisis et ont reçu l'avocate de la famille, les parents et le frère de Dinah, Rayan, ce jeudi matin.

"On est ressorti de là-bas sereins et confiants dans la suite de l'enquête parce qu'on s'est sentis écoutés", confie ce dernier sur le plateau de Bonsoir l'Alsace.

Les deux juges "ont validé le principe de nouveaux actes d'enquête", explique Me Laure Boutron-Marmion sur notre antenne. "On va continuer à pouvoir faire la lumière sur ce qu'il s'est passé".

L'avocate de la famille a fait de nouvelles demandes d'investigations notamment sur l'exploitation du téléphone de Dinah sur la période pendant laquelle elle était en classe de 3ème et qui correspond, selon sa famille, aux faits de harcèlement présumé.

Le parquet s'était lui concentré sur les deux derniers mois avant le suicide de l'adolescente alors qu'elle venait d'entrer au lycée, mais rien sur ses années collège. Selon sa famille, le harcèlement aurait débuté deux ans avant le drame, lorsque Dinah a évoqué son homosexualité.

Sa famille avait porté plainte pour "harcèlement", "homicide involontaire" et "incitation au suicide", pour des faits qui se sont déroulés quand Dinah était en 4e et en 3e. Elle accusait le collège de ne pas avoir réagi à la situation.

Après une première tentative de suicide en mars 2021, Dinah s'est donnée la mort à l'automne suivant alors qu'elle était scolarisée en seconde à Mulhouse.

Une plainte classée sans suite

Mais le 30 septembre 2022, la procureure de la République de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, avait annoncé que cette plainte avait été classée sans suite, expliquant que "pour le parquet, la mort de Dinah n'est pas consécutive à un harcèlement scolaire" et avait dédouané l'équipe éducative.

La magistrate avait reconnu "des échanges un peu houleux" avec d'anciennes amies, "qui ont rendu Dinah très malheureuse", "mais aucun élément objectif ne ressort qui puisse être qualifié de harcèlement".

En cette journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, le frère de la jeune victime a confié l'espoir qu'il avait de voir de nouvelles poursuites être entamées par la justice.

Dans un premier temps contre "les enfants qui ont harcelé ma sœur, ceux qui étaient avec elle au collège, (...) qui lui ont fait du mal, l'ont insulté, frappé", mais aussi dans un second contre "le corps enseignant", le "personnel du collège" et l'Éducation nationale "qui n'a pas été à la hauteur de ce que Dinah a vécu",a-t-il indiqué.

Alixan Lavorel avec Célia Sommer et AFP