Strasbourg: un homme condamné en appel à 27 ans de prison pour le viol et l'assassinat de sa compagne

Le palais de justice de Colmar, qui abrite la Cour d'assises du Haut-Rhin - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP
Mercredi 7 février, un homme a été condamné par la cour d'assises d'appel du Haut-Rhin à 27 ans de réclusion pour le viol et le meurtre de sa compagne, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du greffe. Il avait écopé d'une peine de 25 ans de prison en première instance.
Les jurés haut-rhinois ont également prononcé une interdiction définitive de territoire français, une fois la peine purgée, à l'encontre de Dickson Frimpong, ressortissant ghanéen, selon la même source.
L'homme de 29 ans va se pourvoir en cassation, a indiqué à l'AFP son avocat, Me Jean-Emmanuel Medina, qui précise que son client réfute avoir violé sa compagne, Sandra Baumann, et nie l'intention homicide.
"Quelque chose d'affreux"
Le conseil explique avoir "plaidé les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" ainsi que "l'acquittement pour le viol": "il sait qu'il ne l'a pas violée", a insisté le conseil, selon lequel son client n'est pas quelqu'un d'"affreux, même s'il a fait quelque chose d'affreux".
Me Medina regrette également la sévérité de la peine prononcée à l'encontre de son client: "le risque d'augmenter systématiquement" les sanctions en seconde instance, "c'est de dissuader les gens de faire appel", a-t-il estimé.
Le verdict, prononcé après trois jours d'audience à Colmar, est conforme aux réquisitions, s'est félicitée pour sa part Me Caroline Bolla, l'une des avocates de parties civiles, la famille d'accueil où la victime avait été placée à l'âge de deux ans.
Pour Me Bolla, cette peine plus sévère qu'en première instance s'explique par les mensonges "éhontés" de l'accusé, notamment la thèse selon laquelle il aurait tué la jeune femme de 25 ans par "accident", "pas du tout entendue par les jurés".
Violente dispute
Le drame a eu lieu au domicile du couple, dans la nuit du 17 au 18 avril 2019 à Strasbourg: selon l'accusé, lors d'une violente dispute, il aurait frappé la jeune femme sur la tête avec une bouteille en verre dont des éclats auraient été projetés.
L'un de ces éclats serait à l'origine de sa mort. Il se serait logé dans sa gorge après que son compagnon l'a poussée sur le lit. L'accusé aurait ensuite porté sa compagne dans la baignoire où elle a été retrouvée par la police le 18 avril.
Selon Me Bolla, un expert a au contraire montré que la jeune femme avait reçu plusieurs coups et présentait une plaie "en boutonnière" à la gorge portée par un "objet piquant", sans doute un couteau, et qui a entraîné sa mort par asphyxie.
Un féminicide tous les trois jours
Ils s'étaient rencontrés en 2012, lorsque l'accusé était arrivé en France. Sandra Baumann, avec laquelle il était pacsé, l'avait aidé dans ses démarches administratives. Il avait obtenu un titre de séjour de dix ans, selon Caroline Bolla.
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022, une baisse accueillie avec scepticisme par les associations féministes.
3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences.
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).