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Strasbourg: sept hommes jugés pour avoir acquis et élevé illégalement des espèces protégées

Un scorpion tenu dans une main. (photo d'illustration)

Un scorpion tenu dans une main. (photo d'illustration) - PETER PARKS / AFP

Au total, 14 perquisitions ont permis la saisie de plus de 1.000 animaux. Parmi eux, des reptiles, des araignées, des scorpions mais également des scolopendres. Deux associations se sont constituées partie civile.

Sept hommes étaient jugés ce jeudi 12 septembre par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir acquis et élevé illégalement des espèces protégées telles que des mygales et, pour certains d'entre eux, pour les avoir prélevées dans leur milieu naturel.

La représentante du ministère public, Priscille Cazaux, a requis huit mois d'emprisonnement avec sursis pour le principal prévenu, qui encourt un maximum de trois ans de prison et 150.000 euros d'amende pour les délits pour lesquels il est poursuivi.

Pour ses deux compagnons de voyage en Guyane, elle a requis respectivement 4 mois avec sursis et 6 mois avec sursis. Elle a également demandé 3 mois d'emprisonnement avec sursis pour un autre prévenu qui détenait "un grand nombre d'espèces en dehors de toute règlementation".

Elle a enfin requis 1.000 euros d'amende pour chacun des trois prévenus restants.

Plus de 1.000 animaux saisis

L'enquête avait débuté en Guyane, en septembre 2022, lorsque les douanes avaient intercepté des colis partant vers la métropole. À l'intérieur, mygales, scorpions, arthropodes et scolopendres, pour certains dangereux.

Ces animaux avaient été prélevés illégalement sur le territoire guyanais lors d'un voyage réalisé par trois prévenus, qui les avaient envoyés par voie postale à des proches résidant dans le Haut-Rhin.

L'enquête avait abouti en avril 2024 au placement en garde à vue de plusieurs personnes et à 14 perquisitions menées en différents endroits du territoire français.

Au total 97 mygales, 1.000 veuves noires au venin potentiellement mortel, ainsi que des reptiles (cinq boas, quatre pythons), 22 scorpions, des tortues et deux grenouilles à flèche empoisonnée, avait précisé le parquet en avril.

"Une passion"

Sur les sept hommes de 31 à 68 ans qui ont comparu jeudi, seul un avait l'autorisation préfectorale et le certificat de capacité nécessaires à l'élevage d'animaux non domestiques, bien qu'il lui soit reproché des irrégularités.

Principal prévenu, ce Colmarien était en particulier poursuivi pour "ramassage irrégulier d'animal d'espèce non domestique" et "mise en danger d'autrui", en tentant d'envoyer des animaux protégés en métropole.

"Ce n'est pas un trafiquant, c'est une passion", l'a défendu son avocat, David Poinsignon.

"Lors de nos promenades, on a ramassé des araignées. J'en ai acheté également", a raconté le prévenu à propos du voyage en Guyane effectué en septembre 2022 avec deux amis.

Il a aussi reconnu avoir ramené une mygale dans ses bagages.

Mise en délibéré au 26 septembre

Lors d'une perquisition à son domicile, 32 mygales de Leblond avaient été retrouvées, ainsi que trois tortues d'Hermann dans son jardin et une tortue léopard dans son salon.

Un de ses compagnons de voyage, qui comparaissait à ses côtés, avait lui ramené une veuve noire dans ses bagages. Il a admis avoir lui aussi tenté d'envoyer de Guyane un colis rempli de spécimens d'espèces protégées au beau-père de sa compagne.

"Je me suis laissé tenter bêtement", a-t-il concédé à l'audience.

Un agent de l'Office français de la biodiversité (OFB) a expliqué à l'audience que lors des perquisitions menées en avril, des animaux dont "on n'a aucune origine légale" ont été retrouvés bien que la traçabilité soit "obligatoire".

"On est face à des gens qui voyagent, qui prélèvent en milieu naturel, qui sont aussi collectionneurs... Ce sont des gens qui savent ce qu'ils font", a-t-il décrit, regrettant qu'en conséquence, en Guyane, "sur certains sentiers fréquentés, en termes de biodiversité, ça a bien chuté".

L'association Stéphane Lamart "Pour la défense des animaux" et l'association Alsace nature sont parties civiles. La décision sera rendue le 26 septembre.

En 2023, 31.396 spécimens ont été saisis en France dont 24.000 produits issus d'espèces protégées, selon l'OFB.

JMA avec AFP