Sécheresse en Alsace: pointés du doigt, les producteurs de maïs défendent leur méthode d'irrigation

Comme l'ensemble du secteur agricole, la culture du maïs souffre. La sécheresse n'épargne pas cette céréale, pourtant peu gourmande en eau, mais qui en demande à un moment de l'année où il y en a le moins.
Pour sauver ce qui peut l'être, les agriculteurs de la région poursuivent l'irrigation de leurs champs. Au grand dam d'une fédération d'associations pour la protection de l'environnement, Alsace Nature.
Plusieurs zones des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin sont pourtant soumises à des restrictions d'eau. Mais dans la plaine du Grand Ried, les agriculteurs sont autorisés à puiser dans la nappe phréatique. L'Observatoire de la nappe d'Alsace y relève cependant un niveau inhabituellement bas à cette période de l'année.
Adapter les cultures aux saisons
Pour Serge Dumont, chercheur à l'université de Strasbourg, la nappe phréatique n'est pas éternelle. "On est toujours sur le mythe d'une nappe phréatique inépuisable. Mais pas du tout. Toutes les zones humides et les rivières dépendent du haut de la nappe. Si on perd le haut de la nappe, si on perd un ou deux mètres, c'est fini", s'alarme-t-il.
Il est selon lui nécessaire de revoir les pratiques actuelles, mais surtout d'adapter les cultures aux saisons. "L'idée, ce n'est pas d'aller chercher de l'eau de plus en plus profond pour faire des cultures. Pour lutter contre le changement climatique, la solution ne va pas être l'irrigation", affirme le scientifique.
"Il faut relativiser l'affaire"
Les agriculteurs, eux, ne disent pas avoir d'autres choix pour sauver leurs cultures. S'il reconnaît que le niveau de la nappe phréatique est en baisse, Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA en charge de l'irrigation, ne comprend pas les critiques.
"Aujourd'hui, on a la chance d'avoir une nappe qui est un réservoir. Elle est dans un seuil qui est bas, c'est vrai. Mais l'an dernier, elle était dans un seuil qui était très haut. Si, durablement, elle devait rester bas, je veux bien qu'on réflechisse, mais aujourd'hui, jusqu'à présent elle s'est toujours rechargée en hiver. Elle a baissé en été, c'est un phénomène naturel", argue-t-il au micro de BFM Alsace.
Il n'y a pas lieu, selon lui, de s'alarmer. "En termes de variations, on parle de 10 à 15 centimètres, sur une nappe qui fait 100 mètres d'épaisseur. Il faut quand même relativiser l'affaire", se défend-t-il.
À ce jour, seuls trois départements n'ont pas été placés en état d'alerte à la sécheresse. 90 le sont actuellement, quand 39 d'entre eux sont en état de crise. Des restrictions de l'usage de l'eau s'y appliquent.