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Procès de Jean-Marc Reiser: la "chute dans le désespoir" des proches de Sophie Le Tan

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Les proches de Sophie Le Tan ont dit, vendredi, leur douleur de revivre le procès de Jean-Marc Reiser, rejugé en appel à Colmar pour l'assassinat présumé de la jeune étudiante.

"Une chute vertigineuse dans un désespoir sans fond": les proches de Sophie Le Tan ont dit vendredi leur "souffrance incommensurable" et la douleur de revivre le procès de Jean-Marc Reiser, rejugé en appel à Colmar pour l'assassinat présumé de la jeune étudiante.

"Ma souffrance est incommensurable, elle me poursuivra tout le reste de ma vie": dans le silence de la cour d'assises du Haut-Rhin, Huong Le Tan, la mère de Sophie, sanglote à la barre. "J'ai beaucoup de choses à dire sur ma fille mais l'émotion est trop vive", s'excuse-t-elle.

"Aucune mère ne peut imaginer perdre sa fille dans ces conditions (...) Nous vous trouvons extrêmement courageuse de vous présenter une nouvelle fois devant nous", la réconforte la présidente, Christine Schlumberger.

Délicate avec les parties civiles, vigoureuse et incisive lorsqu'elle interroge l'accusé, la magistrate aura un mot de soutien pour chacun des proches de Sophie, dont la souffrance était palpable.

Une "personne-ressource"

Entourée par un interprète -comme son mari, elle s'exprime en vietnamien- et par le cousin de son époux, Laurent Tran van Mong, Huong Le Tan finit par trouver la force d'évoquer sa fille, jeune femme "indépendante" qui "ne voulait pas être une charge pour sa famille". "C'était une personne-ressource pour nous".

"Sophie était un pilier de la famille, c'est comme si on nous avait enlevé une pièce importante", abonde le grand frère de l'étudiante, Philippe, 26 ans. Le jeune homme, lui aussi très tendu, s'accroche à la barre.

"Sophie était une super sœur, quelqu'un de très important dans la famille, très douée pour l'administratif, contrairement à nous", explique le jeune homme, actuellement réceptionniste dans un hôtel.

"Le crime (que M. Reiser) a commis est atroce, inhumain et je demande au tribunal de le garder jusqu'à la fin de sa vie en prison", estime Huong Le Tan, demandant à la cour de condamner Jean-Marc Reiser, 62 ans, à une peine "aussi sévère" que celle prononcée en première instance.

Le 5 juillet 2022, la cour d'assises du Bas-Rhin l'a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, jugeant qu'il avait prémédité le meurtre.

Un accusé "dangereux pour la société"

Après de longues dénégations durant l'instruction, Jean-Marc Reiser a finalement reconnu avoir tué et démembré l'étudiante, avant de dissimuler son corps dans une forêt vosgienne, où seulement quelques ossements seront retrouvé en octobre 2019.

Il nie en revanche toute préméditation, un point au cœur des débats de cet appel voulu par l'accusé: il n'aurait en effet pas contesté le premier verdict "si la préméditation et l'intention homicide n'avaient pas été retenues", a-t-il affirmé.

"Je demande (à la cour), sans haine mais pour protéger la société, de faire quelque chose" car Jean-Marc Reiser, qui comparaît pour la 6e fois devant une cour d'assises, "est dangereux pour la société", déclare à son tour Tri Le Tan, le père de Sophie.

"Nous sommes toujours dans le chagrin, nous ne vivons plus, nous survivons...", confie cet ouvrier de 57 ans.

"Aucune dignité"

Silhouette menue, débardeur et pantalon noirs, la voix de Sylvie, la petite sœur de Sophie, est étranglée par l'émotion. Mouchoir dans une main, elle sanglote devant le micro. Laurent et sa mère se portent à ses côtés, sa maman lui caresse les cheveux, lui passe une main sur l'épaule.

"Ce qui fait mal aussi, c'est la façon dont elle est décédée qui est horrible (...) je ne lui (Reiser, ndlr) pardonnerai jamais", lâche cette étudiante de 22 ans.

Vient le tour de Laurent Tran van Mong de s'exprimer. Lui aussi très ému, celui qui a endossé le rôle de porte-parole des Le Tan dit la douleur de cette famille de revivre un nouveau procès, après cinq ans d'"une chute vertigineuse dans un désespoir sans fond".

Puis il se tourne vers l'accusé: "Regardez la famille que vous avez détruite (...) La dignité est le dernier refuge de l'humanité. Mais vous n'avez aucune dignité, aucune". Jean-Marc Reiser le fixe, visage fermé, puis baisse le regard. Le verdict est attendu jeudi prochain.

A.T. avec AFP