"Nous sommes prêts": Frédéric Bierry écrit à Gabriel Attal sur la décentralisation de l'Alsace

Quid de l'Alsace? Mardi 30 janvier, devant les députés et son gouvernement, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, trois semaines après avoir été nommé à Matignon. Après l'annonce de plusieurs mesures, le Premier ministre a évoqué l'autonomie de la Corse, sans évoquer le cas de l'Alsace.
Deux jours après, Frédéric Bierry, président de la Collectivité Européenne d'Alsace (CEA), a adressé une lettre à Gabriel Attal.
Dans cette dernière, il indique qu'après les annonces sur la Corse et le projet de loi pour Mayotte et la Nouvelle-Calédonie, l'Alsace et ses habitants ne pourraient pas "comprendre que le projet qu'ils poursuivent constamment depuis des années (...) ne puisse pas être reconnu et inscrit dans cette future loi".
Les Alsaciens n'ont "cessé de défendre ce modèle de décentralisation"
Dans sa lettre, le président de la CEA explique qu'il règne en Alsace "une conviction profonde qu'un nouveau souffle démocratique et un renouvellement de l'engagement citoyen sont possibles grâce à une organisation territoriale plus compréhensible, qui clarifie les responsabilités et l'action publique et qui permet d'impliquer nos concitoyens".
Selon lui, depuis 2015 et l'entrée en vigueur des grandes régions, les Alsaciens n'ont cessé de "défendre auprès des différents gouvernements un modèle de décentralisation à hauteur d'hommes".
Avec cette volonté, Frédéric Bierry fait part au Premier ministre son idée de créer une "collectivité unique sur le périmètre de l'Alsace".
Cette dernière pourrait "rassembler les compétences de la CEA et de la région, pour limiter le nombre de strates, simplifier et mieux coordonner l'action publique, tout en la rapprochant des concitoyens et des acteurs locaux".
92,4% de "oui" sur la question en 2022
Frédéric Bierry indique par la suite qu'en Alsace, "l'action publique locale souffre d'enchevêtrement des organisations et des compétences".
Tout cela génère selon le président de la CEA, des "complexités juridiques", "des contraintes administratives", "des responsabilités diluées" et des délais qui ne font que "susciter l'exaspération de nos concitoyens" ainsi que le renforcement de la défiance envers "l'action politique".
D'autant qu'en 2022, le président avait sondé les Alsaciens sur la question, à laquelle ils avaient répondu par la favorable à "92,4%". Il explique à Gabriel Attal que, dans la région, "nous faisons de l'écoute des habitants une priorité".
"Prêts à devenir un laboratoire de la décentralisation"
Le président de la CEA appuie son propos en indiquant au locataire de Matignon que "l'Alsace a toujours été une terre d'expérimentation en matière de décentralisation".
"Nous sommes prêts à une organisation territoriale différente, au service de l'efficacité, de l'action publique", insiste-t-il.
"Les habitants l'attendent, l'histoire, la géographie, les spécificités juridiques, transfrontalières, culturelles, patrimoniales et linguistiques ainsi que les contributions des Alsaciens au projet de territoire en constituent le berceau", martèle Frédéric Bierry.
En ce sens, il met en avant le renouvellement de la "demande à l'unanimité" lors de la dernière assemblée plénière de la CEA le 18 décembre 2023.
Pour Frédéric Bierry, l'Alsace et ses habitants "sont prêts à devenir un laboratoire de la décentralisation en partant des attentes de terrain". Le tout, dans la "lignée de la nouvelle étape de décentralisation" promis par Emmanuel Macron et les prédécesseurs de Gabriel Attal.
Pour Bierry, Attal à l'occasion d'initier un "acte audacieux"
Pour le président de la Collectivité européenne d'Alsace, Gabriel Attal a les cartes en mains pour "initier un acte audacieux". Un acte qui serait "favorable au renouvellement du dialogue démocratique et à l'implication citoyenne".
Et de conclure: "Je suis à votre entière disposition pour en échanger plus précisément".
Lors de l'émission "Quel avenir pour l'Alsace" diffusée sur BFM Alsace le 26 janvier dernier, Frédéric Bierry avait également lancé l'idée auprès du président de la République. "Osez, Monsieur le Président", avait-il déclaré.