L'archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, officiellement démis de ses fonctions

Mgr Luc Ravel, ex-archevêque de Strasbourg. - SEBASTIEN BOZON / AFP
"Par décret du président de la République en date du 24 mai 2023, est agréée la démission présentée par Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg". Par ces quelques mots, la décision est officielle, l'ancien évêque aux armées n'exercera plus ses fonctions.
Le prélat avait déjà remis sa décision au Vatican, il y a quelques temps et n'attendait plus que cette validation de l'Etat pour officiellement quitter son poste. Un départ qui intervient après une inspection générale sous la houlette du Vatican depuis juin 2022, une procédure rare. L'attente des résultats, conjuguée à la diffusion de rumeurs, avait fait naître un "malaise" au sein de la communauté catholique alsacienne.
Des signes avant-coureurs
Muet sur le sujet, Mgr Luc Ravel avait fait le ménage autour de lui ces derniers mois. En juin dernier, il s'était séparé de Jacques Bourrier, l'économe du diocèse, conséquence de relations compliquées.
La tension était encore montée d'un cran après la révocation, au mois de mars, de l'évêque auxiliaire, Mgr Christian Kratz, par le biais d'une lettre glissée sous sa porte. L'archevêque lui reprochait sa gestion du cas d'un aumônier, accusé de viol. Une décision qui avait abasourdi Mgr Christian Kratz.
Le dernier épisode remonte au 18 avril dernier, avec l'éviction d'Hubert Schmitt, le vicaire général. Ce dernier est mis en cause pour des gestes déplacés sur mineurs, des faits remontant à une trentaine d'années.
Des motifs de départs flous
Dans son texte, Mgr Luc Ravel ne détaille pas les motivations de sa démission. L'ecclésiastique laisse cependant entendre que son départ serait liée à sa gestion des dossiers liés aux abus sexuels dans l'Église. Un thème sur lequel il avait réalisé un "très bon travail" au niveau national, selon l'association de fidèles Jonas Strasbourg, qui déplore dans le même temps que Mgr Luc Ravel "ne s'intéress(ait) pas, même pas du tout, à ce qu'il se passe dans le diocèse depuis le début".
L'archevêque de Strasbourg avait succédé à Mgr Jean-Pierre Grallet en 2017, lequel avait reconnu cinq ans plus tard "des gestes déplacés" à l'encontre d'une jeune femme majeure, en 1985.
Une pétition pour son départ
"J'ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience, en ayant beaucoup consulté à chaque décision, pour prendre des mesures difficiles, mais qu'on m'aurait reproché ultérieurement de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession", se défend l'ancien archevêque de Strasbourg, sans plus de précisions.
Et d'ajouter, de manière tout aussi mystérieuse: "Les implications pénales d'un certain nombre de dossiers relèvent de l'institution judiciaire. Pour le reste, le secret pontifical, que nous avons à respecter, relève du Nonce apostolique".
Le 4 avril, une quinzaine de membres de Jonas Strasbourg avaient manifesté sur le parvis de la cathédrale de Strasbourg, où se tenait la messe chrismale. "Ravel démission", pouvait-on lire sur les pancartes des fidèles, pas habitués à ce genre de démonstration. Une pétion a par ailleurs circulé pour sa démission, recueillant des milliers de signatures dont celles de certains prêtres
Le Vatican a désormais la charge de nommer un successeur à Mgr Ravel.