BFM Alsace
Alsace
Alerte info

L'archevêque de Strasbourg démissionne après une inspection du Vatican

placeholder video
Mgr Luc Ravel était pointé du doigt pour son autoritarisme et ses méthodes. Si l'écclésiastique ne détaille pas les motivations de sa décision, il laisse entendre que son éviction serait liée à sa gestion des dossiers liés aux abus sexuels dans l'Église, contre lesquels il était engagé.

Son autoritarisme et ses méthodes ne faisaient pas l'unanimité, ni auprès des religieux, ni auprès des croyants. Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, a quitté ses fonctions, rapporte l'Agence France-Presse (AFP) ce jeudi après-midi.

"La paix étant le bien suprême (...), j'ai présenté ma démission au Saint-Père, pour qui je prie tous les jours", écrit l'homme d'église dans un communiqué.

Sa gestion du diocèse faisait l'objet d'une inspection générale sous la houlette du Vatican depuis juin 2022, une procédure rare. L'attente des résultats, conjuguée à la diffusion de rumeurs, avait fait naître un "malaise" au sein de la communauté catholique alsacienne.

Escalade de tension

Muet sur le sujet, Mgr Luc Ravel avait fait le ménage autour de lui ces derniers mois. En juin dernier, il s'était séparé de Jacques Bourrier, l'économe du diocèse, conséquence de relations compliquées.

La tension était encore montée d'un cran après la révocation, au mois de mars, de l'évêque auxiliaire, Mgr Christian Kratz, par le biais d'une lettre glissée sous sa porte. L'archevêque lui reprochait sa gestion du cas d'un aumônier, accusé de viol. Une décision qui avait abasourdi Mgr Christian Kratz.

Le dernier épisode remonte à mardi, avec l'éviction d'Hubert Schmitt, le vicaire général. Ce dernier est mis en cause pour des gestes déplacés sur mineurs, des faits remontant à une trentaine d'années.

"Très bon travail"

Dans son texte, Mgr Luc Ravel ne détaille pas les motivations de sa démission. Comme révélé par La Croix mercredi, l'ecclésiastique laisse cependant entendre que son départ serait liée à sa gestion des dossiers liés aux abus sexuels dans l'Église.

Un thème sur lequel il avait réalisé un "très bon travail" au niveau national, selon l'association de fidèles Jonas Strasbourg, qui déplore dans le même temps que Mgr Luc Ravel "ne s'intéress(ait) pas, même pas du tout, à ce qu'il se passe dans le diocèse depuis le début".

L'archevêque de Strasbourg avait succédé à Mgr Jean-Pierre Grallet en 2017, lequel avait reconnu cinq ans plus tard "des gestes déplacés" à l'encontre d'une jeune femme majeure, en 1985.

Manifestation et pétition

"J'ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience, en ayant beaucoup consulté à chaque décision, pour prendre des mesures difficiles, mais qu'on m'aurait reproché ultérieurement de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession", se défend l'ancien archevêque de Strasbourg, sans plus de précisions.

Et d'ajouter, de manière tout aussi mystérieuse: "Les implications pénales d'un certain nombre de dossiers relèvent de l'institution judiciaire. Pour le reste, le secret pontifical, que nous avons à respecter, relève du Nonce apostolique".

Le 4 avril, une quinzaine de membres de Jonas Strasbourg avaient manifesté sur le parvis de la cathédrale de Strasbourg, où se tenait la messe chrismale. "Ravel démission", pouvait-on lire sur les pancartes des fidèles, pas habitués à ce genre de démonstration.

Une pétition présentant une revendication similaire avait été lancée jeudi. Elle avait recueilli plus d'un millier de signatures, dont celles de certains prêtres.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions