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Haut-Rhin: 5000 patients privés de médecin dans le quartier de Bourtzwiller à Mulhouse

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En juin dernier, trois médecins sont partis à la retraite laissant derrière eux près de 5000 patients. En dix ans, les médecins généralistes ont disparu dans le quartier. Ils étaient 14 en 2013. Ils ne sont plus que six.

Salima, 61 ans, peine a trouvé le sommeil. Depuis deux mois, comme de nombreux habitants du quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse, elle est confrontée à une pénurie de médecin.

En juin dernier, trois médecins sont partis à la retraite laissant derrière eux près de 5000 patients dont Salima. La sexagénaire diabétique se retrouve sans suivi. Et elle n’est pas la seule. Sa maman est, elle aussi, diabétique. Son père, lui, souffre d’une déficience respiratoire.

"On a la sensation d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête", souffle Salima auprès de BFM Alsace. "J’avoue, je ne dors plus. On est totalement impuissants."

En dix ans, les médecins généralistes ont peu à peu disparu dans le quartier de Bourtzwiller. Ils étaient 14 en 2013. Aujourd’hui, ils ne sont plus que six et n’acceptent aucune nouvelle patientèle.

"C'est vraiment une catastrophe"

"C’est vraiment une catastrophe", affirme Anne-Marie, 90 ans. "Et ce sont souvent des personnes qui ne peuvent pas se déplacer qui sont concernées. Alors qu’est ce qu’on fait?".

La santé, parfois fragile, des anciens est au centre des inquiétudes dans le quartier. "Il faudrait des médecins car même pour les personnes âgées du quartier, il n’y a plus rien", rapporte Franck, 50 ans.

Un désert médical auquel s’ajoute un autre problème de taille. "Il n’y a pas forcément de moyen de locomotion pour aller à droite ou à gauche", reprend le quinquagénaire.

Marie, 93 ans, doit se tourner vers ses enfants pour se rendre à un rendez-vous médical. "Je dois les solliciter pour aller me conduire et ça, c’est un problème", détaille-t-elle.

SOS médecin ou les urgences

Le départ simultané des trois médecins généralistes du quartier impacte aussi les infirmières libérales. Ces professionnels de santé pouvaient par un simple appel régler un problème avec le médecin traitant.

"Aujourd’hui, il faut soit appeler SOS médecin, quand ils sont disponibles, soit passer par les urgences", rapporte Anaïs Blanchou, infirmière libérale.

Barbare, 89 ans, a connu ce passage par la case urgences. "La dernière fois, j’avais un petit problème, on m’a envoyée aux urgences", explique-t-elle. "J’étais la treizième dans la rangée et j’ai attendu une éternité."

Avant de partir en retraite, les médecins ont délivré des ordonnances sur plusieurs mois à leurs patients. Une maigre consolation qui ne comble pas le besoin de suivi médical.

"Ce sont des traitements chroniques", explique Kristy Bunwaree, infirmière libérale. "Ils nécessitent au moins un bilan sanguin par mois pour évaluer le potassium et ajuster les traitements que l’on donne."

Justine Brasier avec Charlotte Lesage