Féminicide aux assises de Strasbourg: les explications de l'accusé "ne tiennent pas la route" selon le tribunal

Photo prise le 05 avril 2007 à Strasbourg de la salle d'audience de la cour d'assises du Bas-Rhin. - Olivier Morin - AFP
"Vos déclarations, ça ne colle pas avec les expertises." La tension est montée, ce mercredi 22 mai, à la cour d'assises du Bas-Rhin. L'accusé y est jugé pour le féminicide de Yasemine Cetindag, âgée de 25 ans en 2020. Il a livré une version des faits incompatible avec les constatations.
La cour s'attarde sur cette soudaine dispute du couple, au matin du 23 décembre, à l'issue de laquelle la victime a été étranglée pendant plusieurs minutes sous le yeux de ses quatre enfants, dénouement dramatique de dix ans de relation chaotique marquée par les conflits, les insultes et les coups.
"Elle saisit un couteau, elle me menace avec. Je lui fais comprendre qu'elle fait peur aux enfants, une fois, deux fois", raconte l'accusé, sweat noir et cheveux ras, visage fermé, au cours de sa déclaration spontanée.
L'accusé a évoqué son "instinct"
Pendant quinze minutes d'exposé, il explique comment, à partir d'une simple discussion sur qui devait garder les enfants, la situation dégénère, tout en reportant systématiquement la responsabilité des violences sur sa victime.
"Vous nous dites que c'est elle qui a un couteau, mais c'est elle qui a quatre coupures, et vous pas la moindre coupure sur vous", souligne l'avocat général Alexandre Chevrier.
"Vous avez une sacrée chance", a-t-il ajouté.
"Je ne lui ai pas laissé le temps. Dès qu'elle prend un couteau, je lui mets deux coups de poing", rétorque l'accusé.
"C'est l'instinct, ça part comme ça", poursuit-il, prenant le soin de préciser qu'il est "très fort en sports de combat".
Le président du tribunal pointe des incohérences
Il soutient qu'il a maîtrisé sa compagne au sol, tout en l'étranglant avec son écharpe, mais seulement pour lui faire "lâcher le couteau", sans avoir l'intention de la tuer. "Quand on aime une personne on ne peut pas la tuer. Je l'aimais, bien sûr que je l'aimais".
"Vos déclarations, ça ne colle pas avec les expertises scientifiques", observe le président, Antoine Giessenhoffer. "Soit ce sont nos experts qui sont les plus nuls de la terre, comme vous dites, soit ce sont vos explications qui ne tiennent pas debout".