Alsace: à l'heure de la récolte, des tensions entre maraîchers et choucroutiers sur le prix du chou

Une vingtaine d'euros d'augmentation par rapport à l'année dernière. Alors que le mois d'août marque l'heure de la récolte pour les producteurs de chou à choucroute en Alsace, des tensions se font sentir entre les maraîchers et les choucroutiers, ceux qui transforment le légume pour en faire l'ingrédient maître de ce plat typique de la région.
Des tensions causées par le prix du chou, qui a lui aussi connu l'inflation: 128 euros la tonne, contre 107 l'année dernière.
Des coûts de production en hausse
Une augmentation nécessaire selon les producteurs, qui ont eux-mêmes dû faire face à une hausse des coûts de production. Le manque de pluie a contraint les maraîchers à irriguer leur culture, une pratique onéreuse qui se fait ressentir sur le prix à la vente du légume.
"C'est déjà un investissement en matériel, en puits, en forage, et aussi en temps et en main d'œuvre", explique au micro de BFMTV Philippe Buchmann, producteur de chou à Duttlenheim, dans le Bas-Rhin. "Et en coût énergétique, que ce soit électricité, gasoil, tout ce qu'il faut pour faire tourner les pompes."
D'autant plus que la météo, peu propice au développement du chou qui préfère la fraîcheur et l'humidité, a eu un impact sur la taille des légumes. L'année dernière, où la région avait déjà été touchée par un déficit de pluie, un maraîcher de Meistratzheim avait ainsi récolté des choux en moyenne deux fois plus petits qu'à l'ordinaire, soit une perte de rendement qu'il avait estimée à 30%.
Autre point d'inquiétude pour la filière du chou à choucroute: les producteurs font aujourd'hui face au développement de la concurrence. Si 70% de la production française de chou à choucroute vient d'Alsace, les maraîchers craignent une concurrence étrangère de certains pays de l'Est.
"On ne peut pas faire n'importe quoi, parce qu'il y a quand même des pays à l'Est qui produisent du chou, avec des coûts bien moindres que les nôtres. Je pense qu'on peut dire 30% de moins que chez nous", déclare Pascal Claude, président du syndicat des choucroutiers d'Alsace.
Les choucroutiers demandent la création d'un indice
Alors pour protéger la filière, une indication géographique protégée (IGP) a été mise en place il y a cinq ans. Mais aujourd'hui, les choucroutiers craignent que ce soient les prix du légume qui mettent en danger leur filière.
Ils demandent ainsi un indice de prix, afin de trouver un compromis avec les producteurs de chou.
"ll faut qu'on avance ensemble, mais en même temps il faut que le consommateur ait encore envie de consommer de la choucroute d'Alsace IGP", explique Sébastien Muller, président de l'Association pour la valorisation de la choucroute d'Alsace. "Donc il faut qu'on trouve un moyen de valoriser correctement, et d'être en même temps responsable par rapport à nos consommateurs. Et pour moi, c'est effectivement ce sujet de l'indice."
Des discussions sont toujours en cours pour établir un prix équitable du chou à choucroute. En attendant, la récolte du légume doit se poursuivre jusqu'au mois de novembre.