"C'était inimaginable": il y a trente ans, la députée Yann Piat, "madame anti-corruption", était abattue dans le Var

Hyères, 19h45, le 25 février 1994. Yann Piat, députée UFD varoise, ne retrouvera jamais son domicile. Cette ancienne membre du Front National décide de quitter sa permanence située sur l'avenue des Îles d'Or à Hyères, pour retrouver les siens en direction du Mont des Oiseaux sur les hauteurs de la ville.
Mais dans le dernier virage de la route menant à sa propriété du Mât Bleu, deux hommes à moto se rapprochent de la voiture et tirent à six reprises. Le chauffeur de Yann Piat conduit en urgence la députée vers la caserne de pompiers de Hyères, mais le mal est déjà fait: Yann Piat est morte.
"C'est un moment de sidération, je ne pouvais pas y croire. Une parlementaire, députée, assassinée, pour moi, c'était inimaginable", décrit Philippe Holste, journaliste à Nice-Matin lors du meurtre de Yann Piat.
La mort de la députée hyéroise provoque une onde de choc au sein de la communauté varoise.
"Yann avait un côté charmant, presque comme une enfant. Une femme qui avait un extraordinaire charisme, avec une personnalité complexe… Mystérieuse mais tellement attachante aussi", raconte cette amie d'enfance à BFM Toulon Var.
"On était obligé de l'aimer, hors de tout ce système politique qui la rendait dure et pour les gens, une femme arriviste, ce qui n 'était pas son caractère profond", décrit encore cette proche de Yann Piat, sous couvert d'anonymat.
Une moto déterminante pour l'enquête
À l'époque, la sidération laisse rapidement place à une question: qui a voulu tuer Yann Piat? Plusieurs pistes sont explorées, dont une grâce à deux policiers du commissariat de Hyères qui s'intéressent précisément à la moto ayant servi au crime.
"On va arrêter, à quelques temps de là, une jeune femme qui se livre à des escroqueries. Ce n'est pas la première fois", débute Pierre Cortes, avocat général lors du procès de l'affaire Yann Piat.
Le magistrat explique ensuite que les policiers locaux remarquent que la femme habite dans la cité HLM La Blocarde, et lui demande donc si elle détient des informations sur cette "moto volée".
"Et là, elle va dire que la moto, c'est elle qui l'a désignée à ceux qui l'ont volée. Par conséquent, à partir de là, nous avons le nom des voleurs de la moto", continue de relater Pierre Cortes.
Ces noms sont ceux de Lucien Ferri et Marco Di Caro, deux jeunes délinquants connus de la bande du Macama. Des "petits voyous" méconnus du grand banditisme d'après Georges Bonnefont, directeur de l'antenne de police judiciaire de Toulon lors du meurtre de Yann Piat.
"Madame anti-corruption"
Les deux hommes entrent alors dans le giron des enquêteurs, ceux-ci ayant de plus été reconnus par un témoin, "non casqués, en bas de la côte du Mont des Oiseaux où a été tuée Yann Piat".
Placés en garde à vue, les deux Varois vont finalement reconnaître les faits. Marco Di Caro explique être le conducteur de la moto, tandis que Lucien Ferri admet être l'auteur des coups de feu ayant atteint la députée.
Le mobile, lui, reste énigmatique, mais se rapproche du milieu mafieux. "Madame Piat était à l'époque Madame anti-corruption et elle en avait fait son cheval de bataille. Cette brave femme voulait rétablir la paix à Hyères (...)" explique Monsieur S, auteur de Yann Piat: la dernière vérité et ancien proche du milieu.
Le commanditaire de l'assassinat, Gérard Finale, propriétaire du bar le Macama, sera lui aussi arrêté par les forces de l'ordre et condamné par la justice à la prison à perpétuité.