Grand débat: comment le gouvernement veut analyser les milliers de cahiers de doléances

Un cahier de doléances dans la mairie de Cagnes-sur-Mer - AFP
Pour "transformer les colères en solution", Emmanuel Macron mise sur le grand débat national. Depuis le 15 janvier, les citoyens sont invités à faire part de leurs propositions pour sortir de la crise. Sur internet d’une part, avec une plateforme créée pour l’occasion, ou par écrit dans des cahiers de doléances installés dans plusieurs mairies. Chacun est invité à prendre la plume pour faire connaître ses idées. Le clap de fin du grand débat national est fixé le 15 mars, deux mois après son ouverture. Une synthèse des suggestions des Français doit être présentée courant avril, selon le calendrier officiel.
Mais comment prendre en compte la grande quantité de revendications manuscrites? Le ministère de l’écologie, du Développement durable, des transports et du logement a donc lancé un appel d’offre, publié le 31 janvier et repéré par le média suisse ICTjournal. L’enjeu est grand car pour éviter une crise, "toutes les contributions doivent être prises en compte de manière équitable, quelle qu'en soit la forme", précise l’appel d’offre.
Au minimum 300.000 pages A4 à numériser
Selon les informations de franceinfo, les cahiers de doléances doivent être renvoyés avant le 22 février pour être numérisés. Les trois entreprises retenues se verront confier la lourde tâche de transcrire les documents manuscrits en fichiers numériques. Avec un "minimum de 300.000 pages A4 et sans maximum". Le tout, en l'espace de quatre semaines -avant le 15 mars. La date limite de réception des candidatures à l'appel d'offre est fixée au 15 février. Un délai très court, en raison de "l'urgence générée par le contexte des manifestations".
Ces fichiers viendront s’ajouter aux suggestions déposées en ligne sur la plateforme du grand débat et aux comptes rendus des réunions publiques. Il faudra ensuite analyser et synthétiser toutes ces données. Mais là encore, le gouvernement ne sait pas vers qui se tourner. La Mission d’organisation et de coordination du grand débat national, une cellule de Matignon, pense à se tourner vers l’informatique, révèle franceinfo. Spécialistes de l’analyse de données, sondeurs et laboratoires de recherche sont donc reçus depuis plusieurs jours par la Mission. Selon franceinfo, plusieurs noms circulent comme Capgemini et Opinion Way. Aucun chiffre ne circule sur le montant à la clé de ce second appel d'offre. "Quel que soit le coût, nous assumons, c'est celui de la démocratie", affirme une source interne à franceinfo.
Craignant une manipulation des données par le gouvernement, une frange des gilets jaunes a lancé sa propre plateforme, baptisée le "vrai débat". Dans une logique de transparence, Sébastien Lecornu, ministre chargé du pilotage du "grand débat national" a indiqué fin janvier sur France Inter que toutes les contributions déposées sur la plateforme seront en open data. Donc accessibles à tous.