Directives changeantes, fake news, études sans consensus: les réseaux sociaux face au coronavirus

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Les réseaux sociaux ont une responsabilité pendant la crise du coronavirus: ne pas être le porte-voix de théories du complot et de fausses informations et s’assurer que leurs utilisateurs ont accès à une information fiable. Mais le coronavirus n’a pas dévoilé tous ses secrets. Les recommandations officielles continuent d’évoluer, à mesure que les scientifiques étudient le Covid-19.
Les réseaux sociaux sont forcés de s’adapter en permanence à ces règles changeantes. Pour le port du masque par exemple, le gouvernement français l’a dans un premier temps déconseillé pour le grand public à cause des risques de mauvais usages. Les vidéos qui suggéraient le contraire ont donc théoriquement été enterrées. Mais après le déconfinement, le masque sera finalement "conseillé" et même obligatoire dans les collèges et les transports en commun. Alors, que faire?
Mettre en avant les informations fiables
YouTube, Facebook et Twitter mettent tous les trois en avant, dans des sections dédiées, les informations sur le coronavirus émanant de sources fiables - une sélection de médias, et officielles. Selon la plateforme de Google, le temps de visionnage sur des contenus d'actualité provenant de ces sources a augmenté de plus de 55% en France au cours du premier trimestre 2020, et de 75% dans le monde.
Quant à Facebook, l’entreprise explique avoir redirigé plus de 2 milliards d’utilisateurs vers des informations fiables grâce au “centre d’information Covid-19”. Twitter n’a donné de chiffres.
En cette période de crise sanitaire, toute la difficulté est de différencier les informations fiables de celles qui ne le sont pas. YouTube indique, comme Facebook, se baser sur les informations dites universellement acceptées, à savoir, les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les vidéos reprenant ces discours sont mises en avant et même monétisées. Mais il faut régulièrement tout remettre à jour en fonction des nouvelles découvertes.
Le cas spécifique des fake news relatives à la santé
Quid des autres vidéos? Sur Facebook comme sur YouTube, les fausses informations ne sont pas supprimées, sauf si elles mettent en danger la sécurité des personnes. Facebook travaille avec des “fact-checkeurs” qui vérifient des milliers de contenus. Quand une fake news est détectée, les utilisateurs seront mis en garde avec un avertissement et sa visibilité sera réduite. Résultat dans plus de 95% des cas, les utilisateurs ne consultent pas le contenu, selon Facebook.
YouTube applique le même système. Les fausses informations non dangereuses restent en ligne, avec une portée réduite. Elles sont aussi supprimées de l’algorithme de suggestion, qui engendre de nombreuses vues.
Mais la période actuelle est particulière. Car les fausses informations liées au coronavirus sont très souvent dangereuses puisqu'elles concernent directement la santé des utilisateurs. Dire que la terre est plate ne les met pas en danger. Mais affirmer que la vitamine C traite le coronavirus si, tout comme dire que la distanciation sociale n’est pas efficace ou que boire du désinfectant peut tuer le virus.
Les faits qui ne font pas consensus
Certains cas précis posent problème. La chloroquine par exemple, ne fait pas l'objet d'un consensus scientifique. Il n'est pour l'heure ni indiqué que cet antiviral fonctionne contre le coronavirus, ni qu'il est inefficace. Alors, que faire?
Du côté de YouTube, on se questionne. La plateforme doit-elle être un arbitre de la vérité médicale? Les vidéos sur la chloroquine ne sont actuellement pas mises en avant, mais pas enterrées non plus. Facebook se défend avec les mêmes éléments de langage. Mais pour le cas bien précis de la chloroquine, on explique que "tout dépend du contexte".
Il a ainsi été jugé que la vidéo du président brésilien Jair Bolsonaro dans laquelle il vantait les mérites de ce traitement mettait en danger la vie des utilisateurs. Twitter l'a également supprimée. Mais si, à l'avenir, une étude prouve son inefficacité ou le contraire, il faudra à nouveau, revoir toute sa politique sur le sujet.