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Une vidéo rendue publique montre des employés de Tiktok reconnaître les dangers de son algorithme

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Une vidéo révèle des extraits de réunions chez Tiktok lors desquelles les employés s'expriment sur l'algorithme de l'application et mettent en évidence son côté addictif et pernicieux.

"Nous voulions évidemment que les gens passent le plus de temps possible sur Tiktok." Repérée par CNN, une vidéo rendue publique montre plusieurs employés de Tiktok avouer que l'algorithme de l'application est conçu pour être addictif.

Cette vidéo a été diffusée alors que la plateforme est attaquée en justice par le procureur général de Caroline du Nord, John Stein. Le réseau social est accusé d'être "hautement addictif pour les mineurs", et de ne pas prévenir les utilisateurs, notamment les parents, des risques liés à l'application.

"Vous ne voudrez plus jamais le quitter"

Cette vidéo divulguée montre plusieurs extraits de réunions dans lesquels différents salariés de la plateforme évoquent à différents moments le caractère addictif de Tiktok. Le responsable Brett Peters, par exemple, en parle explicitement dans un passage.

"Littéralement, c'est pour ça que nous sommes tous ici : pour aider à continuer à diversifier l'écosystème de contenus, pour faire de TikTok un endroit où vous pouvez trouver tellement de types de contenu différents que vous ne voudrez plus jamais le quitter", déclare-t-il.

Ainsi, on peut voir plusieurs employés discuter de l'origine de cette addicton, l'algorithme. Alexandra Evans, ancienne responsable des politiques publiques en matière de sécurité en Europe, évoque même un certain degré de dangerosité vis-à-vis des plus jeunes: "La raison pour laquelle les enfants regardent Tiktok, c'est parce que l'algorithme est vraiment efficace", explique-t-elle.

Une spirale de contenus nocifs

Tiktok n'a pas seulement un algorithme potentiellement addictif, mais peut aussi relayer des contenus nocifs. Dans un autre extrait, Ashlen Sepulveda, ancienne employée à la sécurité chez Tiktok, se dit préoccupée par l'algorithme qui "propose du contenu aux utilisateurs en fonction de ce qu'il estime être leurs centres d'intérêt".

La technologie peut rapidement entraîner un utilisateur dans une spirale de contenus de plus en plus problématiques et extrêmes. Pour illustrer ce phénomène, l'employée prend pour exemple les troubles alimentaires.

"Par exemple, plus un utilisateur recherche des informations sur le fitness ou l'alimentation, plus cela se transforme en perte de poids, et très vite, l'ensemble du fil de cet utilisateur est envahi par des discussions entre ses pairs sur des troubles alimentaires légers, sans qu'il ait la possibilité de s'en éloigner" a constaté Ashlen Sepulveda "

Dans cette même vidéo, Nicholas Chng qui travaillait à la détection des risques pour la plateforme, dit avoir fait la même analyse. "Malheureusement, certaines des choses que les gens trouvent intéressantes ne sont pas toujours les plus saines", déclare l'ancien employé de Tiktok.

Sur ce sujet, la tendance "Skinnytok" a commencé à émerger sur Tiktok en 2025. Ce type de contenus visait à promouvoir la maigreur chez les jeunes filles. Certaines des vidéos dans cette catégorie allaient jusqu'à faire l'éloge de l'anorexie.

Des extraits "sortis de leur contexte"

Après la divulgation de cette vidéo, un porte-parole de Tiktok s'est exprimé auprès de CNN. Celui-ci dénonce des extraits "sortis de leur contexte dans le seul but de tromper le public et de faire de la démagogie". À savoir que beaucoup des réunions filmées se sont déroulées au début des années 2020, alors que Tiktok venait seulement d'exploser.

À l'inverse pour les procureurs, ces extraits sont l'évidence que Tiktok était au courant des dangers que faisaient encourir ses services.

"Ces vidéos prouvent ce que nous avons soutenu devant les tribunaux : les entreprises derrière les réseaux sociaux maintiennent les enfants accros afin de maximiser leurs profits, même au détriment de leur santé", a déclaré à CNN le procureur général Jeff Jackson, qui a lui aussi travaillé sur le dossier.

Tiktok aussi dans le viseur du gouvernement français

En France, Tiktok a fait l'objet d'une commission d'enquête parlementaire présidée par le député PS Arthur Delaporte. Son but est d'auditionner plusieurs acteurs intrinsèques à la plateforme ou à ses dangers psychologiques afin de déterminer les potentiels effets de la plateforme sur les mineurs.

Dans le cadre de cette commission, une centaine de personnes dont des influenceurs très suivis, des experts, des chercheurs ou des victimes ont partagé leur avis sur la question. Des responsables de la plateforme ont eux aussi été entendus par les députés.

Théotim Raguet