Telegram, Yandex, VKontakte: à quoi ressemble Internet en Russie?

La messagerie Telegram. - Alexander Nemenov - AFP
Le paysage de l'internet russe détonne avec celui des Français. Les réseaux sociaux traditionnels américains utilisés dans l'Hexagone n'y sont, par exemple, pas très populaires.
Au contraire, le réseau social le plus utilisé par les Russes s'appelle VKontakte, abrégé en VK. Ce réseau social créé en 2006, soit deux ans après Facebook, en est une copie presque conforme.

C'est le premier réseau social et troisième site le plus consulté dans le pays, après l'américain Google et sa plateforme YouTube, selon Alexa, l'outil de statistiques d'Amazon. On estime à environ 100 millions son nombre d'utilisateurs actifs en 2017, bien que le chiffre exact ne soit pas connu.
Dans le même genre, on trouve Odnoklassniki, connu sous l'abréviation OK, qui propose un service similaire à Facebook et VKontakte. OK se positionne cinquième dans la liste des sites web les plus populaires du pays.
Si Google reste majoritaire en Russie, le pays dispose également de son propre moteur de recherche, Yandex. Ce site est le quatrième le plus consulté dans le pays.

Autre pilier numérique du pays de Vladimir Poutine, la messagerie Telegram. De plus en plus populaire dans le reste du monde, cette application de messagerie chiffrée et sécurisée, créée en 2013 par deux frères russes, s'est notamment démarquée pour son utilisation par des mouvements de contestation. En janvier 2021, Telegram a passé la barre symbolique des 500 millions d'utilisateurs actifs dans le monde.
Déjà très sollicités avant la guerre, Telegram et VK ont connu un fort gain de popularité depuis l'invasion militaire russe en Ukraine. La messagerie est devenue l'un des principaux canaux d'information.
Selon le média local Kommersant, les chaînes d'informations russes sur Telegram ont gagné 19,5 millions d'abonnés depuis le 24 février, date à laquelle a débuté la guerre qui oppose actuellement la Russie à l'Ukraine. VK, de son côté, a vu ses chiffres augmenter depuis cette date, avec 15% de vues supplémentaires par vidéo.
Isolement numérique
Cette hausse des plateformes russes s'explique également par une coupure progressive des réseaux sociaux américains dans le pays, à l'image de Facebook et Twitter, dont l'accès a été restreint dans le territoire.
Ces nouvelles contraintes font suite à des décisions du gouvernement, accusant ces réseaux sociaux de censurer des médias russes. Ce dernier a également récemment mis en garde l'entreprise Google, qu'il accuse de propager de la désinformation via son système de publicité, Google Ads.
A mesure que le conflit s'enlise, les autorités russes semblent vouloir adopter une politique sévère envers les géants du numérique étrangers. Le haro sur Twitter et Facebook pourrait n'être que le début d'une stratégie de coupure progressive, initiée déjà depuis quelques années. En effet, en 2021, le pays avait déjà menacé de bannir Twitter, Facebook et YouTube, invoquant un non respect des lois du pays en ce qui concerne la désinformation.
La Russie prépare, par ailleurs, depuis de nombreuses années son "internet souverain", qui lui procurerait une forte autonomie au niveau international. Le but de ce projet: permettre un fonctionnement du réseau en Russie indépendamment des serveurs étrangers, en totale autarcie.