Racines danoises, ponts disparus et bouchons artificiels: Google Maps fête ses 20 ans

Google Maps à ses débuts sur téléphone en 2008 - Google
Depuis combien de temps n’avez-vous pas ouvert un atlas routier, une carte Michelin ou IGN? Cela doit bien faire une dizaine, voire une quinzaine d’années. La faute aux sites d’antan comme Mappy ou Maporama, aux applications de navigation telles Apple Plans, Waze ou Google Maps. En un clic, un geste, il n’est (quasi) plus possible de se perdre, même en route pour une destination inconnue.
Des outils qui ont révolutionné notre quotidien et notre sens de l’orientation. Celui-ci n’a sans doute jamais si peu servi depuis le lancement de Google Maps le 8 février 2005 aux États-Unis et au Canada. Quand le géant de l’internet décide de se mettre à la cartographie, il rachète en octobre 2004 la startup australienne Where 2 Technologies. Fondée par les frères danois Lars et Jens Eilstrup Rasmussen, cette entreprise développait des solutions de carte interactive sous forme d’application de bureau à télécharger et à installer. Google en fait un site internet pour trouver son chemin.
Maps nourri aux multiples rachats de Google
On ne parle pas encore de navigation guidée à l’époque, cela arrivera en 2008 avec les itinéraires en temps réel, puis les instructions vocales, avant que s’ajoutent l’année suivante les données de trafic en temps réel (perturbations, ralentissements, déviations…). On ne parle même pas de visualisation des rues et routes. Il faudra attendre 2007 pour que Street View apparaisse sur Google Maps et propose des visualisations de photos panoramiques à 360°.

Il faut dire que dans sa quête de cartographier la Terre et de nourrir son service, Google a aussi fait tomber dans son escarcelle la startup Keyhole, spécialisée dans la visualisation d’imagerie géospatiale et dont l’application Earth Viewer propose alors des images satellites de la Terre par petite zone afin d’être facilement téléchargées. Dès 2004 aussi, Google acquiert Zip-Dash, spécialisée dans le trafic en temps réel.
Au fil du temps, le service va s’enrichir des informations sur les transports en commun, de la vue immersive en 3D, de multiples options. L’essor du téléphone mobile à la fin des années 2000 rend Maps incontournable. Mais c’est surtout le rachat de Waze en 2013 pour 966 millions de dollars - avant la fusion complète des équipes en 2022 - qui va faire entrer Google Maps dans une nouvelle dimension, le géant héritant des fonctions phares du leader de la navigation en temps réel.
Google a aussi grandement apporté à la façon moderne de faire de la cartographie. Les satellites ont boosté les services de géolocalisation GPS ou Galileo. L’entreprise de Mountain View lance ses propres voitures pour tout capturer, inaugure le Trekker, un sac à dos équipé de caméras 360° qui permet d’aller partout où la voiture ne va pas (musées, églises, monuments, sentiers de randonnée…). Même la lune ou la station ISS feront l’objet d’une capture photo à 360°.
Des routes qui mènent dans l'eau
Si les prouesses sont réelles, Google Maps n’a pas évité les ratés, notamment quand ses erreurs de cartographie ont mené des conducteurs dans l’eau faute de pont ou de route réels, voire dans des bâtiments inexistants. Les mises à jour tardives aussi quand tout se faisait notamment grâce à l’intervention des utilisateurs, toujours prompts à renseigner des infos utiles (ou presque).
Maps s’est longtemps et beaucoup reposé sur son aspect open source, profitant aussi des géolocalisations des utilisateurs de smartphones Android, puis iOS, pour faire sa circulation "en temps réel" et l’ajuster. Cela avait même donné l’idée à des petits malins de faire croire à un bouchon dans une rue en faisant rouler des dizaines de smartphones au même endroit, histoire d’inciter les voitures à prendre un autre chemin.
Autre cheval de bataille de ses détracteurs: la confidentialité. Longtemps, les données utilisateurs ont été compilées pour améliorer le service, que ce soit en utilisant le trafic en temps réel, le guidage ou bien même Street View avec des personnes apparaissant à leur insu sur les photos.

En 20 ans, Maps a révolutionné la façon de se déplacer en voiture, à pied, à vélo ou en transport en commun. Google voulait rendre l’information géographique accessible au plus grand nombre. Son succès a sans doute dépassé de très loin ses ambitions, avec plus de deux milliards d’utilisateurs chaque mois et des centaines de millions d’avis laissés sur les monuments environnants, les restaurants et autres lieux.
Application de navigation la plus utilisée au monde, Maps est devenu plus qu’un outil pour définir son trajet, un allié indispensable pour beaucoup. Le service a changé les habitudes. Qui aurait jadis pensé à trouver un restaurant et prendre des avis sur la carte de son lieu de villégiature? Avoir les horaires d’ouverture et d’affluence dans son magasin ou son cinéma préféré? Google Maps a bouleversé aussi les petits commerces, a accru leur visibilité. On en référence d’ailleurs plus de 250 millions à travers le monde, soumis au commentaire positif ou négatif de chacun.
Et l’IA est la dernière innovation venue s’ajouter à la navigation du XXIe siècle. Avec cela, Google entend voir plus loin: où aller, quand, comment et pour combien de temps? La route est encore longue avant de venir à bout des possibilités de Maps.