En Cisjordanie, Google Maps peut parfois compliquer la navigation des automobilistes

En Cisjordanie utiliser Google Maps comme GPS peut s'avérer particulièrement complexe. Selon une enquête publiée par le média Wired, Google Maps, lorsqu'utilisé sur le territoire cisjordanien, conduirait les automobilistes dans des murs, des embouteillages interminables voire des zones interdites.
Le phénomène s'est même empiré depuis octobre 2023 avec l'intensification du conflit israélo-palestinien. Le territoire est en constant changement et de fait, les données géographiques ne sont quasiment jamais mises à jour sur la carte numérique. Utilisé comme GPS par de nombreux cisjordaniens, Google Maps est pointé du doigt pour son manque de fiabilité.
Mauvais itinéraire
D'après plusieurs témoignages recueillis par Wired, trouver un mur à la place d'une route indiquée par l'application est devenu récurrent pour les usagers de Maps. Cet exemple met en lumière la zone de flou au niveau du territoire cisjordanien pour le service de cartographie de Google. Cela peut surtout devenir accidentogène pour les conducteurs selon les propos recueillis par Wired.
Les conducteurs cisjordaniens ont pourtant fait remonter leurs suggestions à Google dans l'espoir que Maps mette à jour le réseau routier. Mais une porte-parole de l'entreprise américaine explique qu'une modification sur la carte n'est possible qu'à partir du moment où une source fiable a prouvé la véracité d'une suggestion.
Plus récemment, la multiplication des checkpoints mis en place par Israël en Cisjordanie cause de nombreux embouteillages. Mais pour Google Maps, il est compliqué d'anticiper ce type d'obstacles. Une avocate palestinienne raconte avoir attendu près de 9 heures dans un embouteillage de 16 km, une situation qu'elle aurait pu éviter si Google Maps l'avait prévenue. Sur ce point, Google indique vouloir assurer "la sécurité des communautés locales" en évitant de diffuser l'emplacement de fortes concentrations de véhicules.
Là où Google Maps peut devenir particulièrement dangereux, c'est qu'il ne distingue pas les routes sans restriction et les routes réservées aux Israéliens dans les territoires occupés. Plusieurs Palestiniens se sont retrouvés par inadvertance sur des routes qui leur sont interdites par les autorités israéliennes, les mettant dans une situation dangereuse.
De plus, dans le contexte de la guerre, les forces israéliennes brouillent les signaux GPS dans la région. Naviguer en Cisjordanie sans se perdre sur une route contrôlée par les autorités israéliennes devient dès lors un stress permanent pour un conducteur palestinien.
Un manque d'alternatives
La conséquence pour Google est une désertion de son application par les habitants de la Cisjordanie. Mais pour la navigation, les alternatives à Google Maps sont limitées. Apple Plans, par exemple, nécessite un iPhone mais la gamme de téléphones ne représente que 8 % des smartphones utilisés sur le territoire palestinien.
Et qu'en est-il de Waze? L'application, d'origine israélienne, est sans surprise boycottée par les Palestiniens. Ces derniers préféreront passer par des canaux de discussion alternatifs sur Telegram ou Whatsapp pour s'informer du trafic routier.
Google admet de son côté éprouver des difficultés pour cartographier la région évoquant "l'évolution constante des conditions sur le terrain et le manque de précision des données disponibles". Selon la porte-parole de l'entreprise, Maps a ajouté plus de 8.000 km de route en Cisjordanie depuis 2021.