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Discours à la Musk et vision Trumpiste: le nouveau visage de Facebook et Mark Zuckerberg

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Depuis l’élection de Donald Trump, le patron de Meta a multiplié les changements pour courtiser le futur président américain, se rapprochant ainsi d’Elon Musk.

"Bonjour à tous. Je veux vous parler de quelque chose d’important aujourd’hui, parce qu’il est temps de revenir à nos racines autour de la liberté d’expression sur Facebook et Instagram. J’ai commencé à créer des réseaux sociaux pour permettre aux gens de s’exprimer". Ainsi commence la vidéo de Mark Zuckerberg publiée ce mardi 7 janvier et dans laquelle il annonce un recul majeur de sa politique de modération des contenus.

Vidéo dans laquelle le patron de Meta donne une vision bien plus trumpiste qu’auparavant pour le futur de ses plateformes. Alors que Donald Trump prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, Mark Zuckerberg multiplie les changements pour le courtiser depuis sa victoire le 5 novembre dernier.

Des soutiens de Trump chez Meta

Pour commencer, celui qui a banni le futur président après l’attaque du Capitole en janvier 2021 a été invité à dîner par ce dernier à Mar-a-Lago, en Floride, fin novembre. Une rencontre qui était loin d’être anodine alors que Donald Trump l’avait menacé de prison à vie.

Dans le viseur du futur président depuis quelques années, Mark Zuckerberg cherche désormais à éviter de le froisser. Dans cet objectif, il a annoncé le financement de son investiture à hauteur de 1 million de dollars en décembre dernier. Près d’un mois plus tard, Joel Kaplan, proche de Donald Trump, a été nommé responsable des Affaires internationales, pour remplacer Nick Clegg, au sein de l’entreprise.

À cela s’ajoute l’arrivée de Dana White, président de l’UFC et autre soutien de Donald Trump, au sein du conseil d’administration de Meta. Mais c’est dans sa dernière vidéo que Mark Zuckerberg montre réellement son nouveau visage, avec un discours à la Elon Musk, s’en prenant notamment aux “legacy media” (médias traditionnels), terme souvent utilisé par Donald Trump et Elon Musk, et plus généralement par les conservateurs.

"Le débat sur les potentiels effets néfastes des contenus en ligne s’est largement répandu. Les gouvernements et les médias traditionnels ont fait pression pour censurer de plus en plus. Une grande partie de ce débat est clairement politique", reproche-t-il.

Le PDG de Meta reconnaît néanmoins qu’"il y a aussi beaucoup de choses légitimement mauvaises", comme la drogue, le terrorisme ou encore l’exploitation sexuelle des enfants, "choses" qu’il assure prendre "très au sérieux".

Critique de la censure et promotion de la liberté d’expression

Mark Zuckerberg a ainsi annoncé la fin du programme de fact-checking de l’entreprise. Lancé en 2016, il rémunère plus de 80 médias à travers le monde pout utiliser leurs "fact-checks" sur Facebook, Instagram et Whatsapp, mais il sera bientôt remplacé par un système de notes de la communauté similaire à celui de X.

Un changement que le patron estime nécessaire. "Après l’élection de Trump en 2016, les médias traditionnels ont écrit sans relâche que la désinformation était une menace pour la démocratie. Nous avons essayé de bonne foi de répondre à ces préoccupations sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les vérificateurs de faits ont tout simplement fait preuve de trop de partialité politique et ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, en particulier aux États-Unis", a-t-il avancé.

Alors que Donald Trump a accusé Facebook de censure à plusieurs reprises, Mark Zuckerberg souhaite désormais limiter celle-ci et “restaurer la liberté d’expression” sur ses réseaux sociaux, reprenant ainsi le mantra brandi par Elon Musk depuis son rachat de Twitter. La fin du programme de fact-checking est un moyen pour y parvenir, mais ce n’est pas le seul. Dans cet objectif, le fondateur de Meta a aussi fait savoir que l’entreprise allait se débarrasser de certaines restrictions concernant des sujets comme l’immigration, l’identité sexuelle et le genre, sujets qui ont été déjà été abordés à plusieurs reprises par Donald Trump et Elon Musk.

"Ce qui a commencé comme un mouvement visant à être plus inclusif a de plus en plus été utilisé pour bloquer les opinions et exclure les personnes ayant des idées différentes. Et, c’est allé trop loin. Je veux m’assurer que les gens peuvent partager leurs croyances et leurs expériences sur nos plateformes", a déclaré Mark Zuckerberg.

Toujours dans l’objectif de promouvoir la liberté d’expression, il a aussi annoncé le déménagement des équipes de confiance et de sécurité, en charge de la modération, au Texas. "Je pense que cela contribuera à renforcer la confiance pour faire ce travail dans des endroits où il y a moins d’inquiétude quant à la partialité de nos équipes", a-t-il expliqué. Une annonce qui intervient quelques mois après qu’Elon Musk a déclaré qu’il allait déplacer les sièges de SpaceX et de X au Texas, à cause d’une loi californienne sur les élèves transgenres.

Nouveau défi pour l’Europe

Mark Zuckerberg conclut sa vidéo en annonçant que Meta va travailler avec Donald Trump. Cela, dans l’objectif de "repousser les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines et font pression pour censurer davantage". Il mentionne notamment l’Europe, qui dispose d’"un nombre croissant de lois qui institutionnalisent la censure et rendent difficile la construction de projets innovants", selon lui.

Ces changements constituent ainsi un nouveau défi pour l’Union européenne, qui a déjà ouvert des enquêtes et sanctionné Meta au nom du RGPD ou du DSA, et qui doit aussi faire face à Elon Musk.

"Aujourd’hui, nous avons l’occasion de rétablir la liberté d’expression et je suis impatient de la saisir”, conclut Mark Zuckerberg. Si cette série de changements ne plaira pas à l’Europe, elle a ravi Elon Musk. "C’est cool", a commenté ce dernier sur son réseau social, en publiant une capture d’un article du Guardian indiquant que Facebook se débarrasse des fact-checkeurs pour restaurer la liberté d’expression.

Elle a aussi fait plaisir à Donald Trump, qui s’est vanté d’avoir "probablement" influencé la décision de l’entreprise. Meta et Facebook "ont fait beaucoup de progrès", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.

Kesso Diallo