Tech&Co
Réseaux sociaux

De la menace de prison à la séduction: pourquoi la rencontre entre Zuckerberg et Trump est loin d'être anodine

placeholder video
Loin d'être surprenante, la rencontre entre Mark Zuckerberg et Donald Trump est le fruit d'une longue campagne de séduction de la part du patron de Meta.

Après les menaces, la rencontre. Ce mercredi 27 novembre, Mark Zuckerberg, le puissant patron de Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram), a finalement rencontré Donald Trump. Un rendez-vous décisif, alors que le nouveau président américain a vivement critiqué le milliardaire au cours des dernières années.

Depuis 2020, Meta fut régulièrement dans le viseur de Donald Trump. En cause: son bannissement de la plateforme au lendemain de l'attaque sur le Capitole en 2021. Donald Trump a également accusé, à de nombreuses reprises, Mark Zuckerberg d'utiliser ses réseaux sociaux en faveur des Démocrates.

Zuckerberg menacé de prison à vie

Une campagne qui a vu Donald Trump menacer Mark Zuckerberg de prison à vie, dans un livre paru début septembre. S'il n'a pas réitéré ses propos depuis qu'il a remporté la présidentielle face à Kamala Harris, il avait néanmoins promis de "surveiller de très près" le milliardaire.

Mais comme pour mieux anticiper la potentielle victoire de Donald Trump, Mark Zuckerberg a depuis quelques mois pris ses distances avec la politique, notamment avec les progressites, racontait le New York Times en septembre 2024.

Il avait finalement félicité Donald Trump quelques heures après sa victoire, indiquant avoir "hâte de travailler avec [lui]." Comme d'autres grands patrons de la tech comme Jeff Bezos, le fondateur de Meta cherche désormais à apaiser une relation conflictuelle, pour mieux protéger ses affaires.

De ce dîner provoqué par Donald Trump, on ne saura - pour l'instant - pas grand-chose, si ce n'est que Mark Zuckerberg prévoit de rencontrer les membres de la nouvelle administration.

Ils parleront peut-être de plusieurs sujets brûlants, dont celui concernant Tiktok. Le réseau social chinois, concurrent farouche de Meta, risque en effet une interdiction pure et simple dans les prochains mois si Bytedance, son propriétaire, ne le revend pas. Mais pendant la campagne, Donald Trump s'était montré plus clément que les démocrates sur le sujet, allant même jusqu'à imaginer sauver la plateforme pour contrecarrer les plans de Mark Zuckerberg.

"Si vous n’avez pas Tiktok, vous avez Facebook et Instagram – et ça, vous savez, c’est Zuckerberg" avait-il déclaré en juillet 2024, au média américain Bloomberg.

Une longue campagne de séduction

Comme pour mieux éviter un potentiel sauvetage de son rival, le patron de Facebook tentait alors d'envoyer des signaux amicaux au favori des sondages. Après la tentative d'assassinat contre Donald Trump lors d'un meeting le 14 juillet 2024, Mark Zuckerberg s'était ému de la situation et avait décrit la réaction du candidat d'alors comme "badass."

Au cours de l'été, Meta embauchait Dustin Carmack, un ancien conseiller de Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, à l'œuvre sur la rédaction du Project 2025, un ensemble de propositions conservatrices, souvent présenté comme partie intégrante du projet politique de Donald Trump.

Lors de la campagne présidentielle, Mark Zuckerberg a poursuivi sa tentative de reconquête des conservateurs. Fin août, il critiquait publiquement le rôle de l'administration Biden lors de la crise du Covid, qu'il accusait d'avoir fait pression sur Facebook pour supprimer certains contenus. Un message reçu très favorablement les républicains.

Autant d'initiatives qui ont porté leurs fruits: dès la mi-octobre, Donald Trump expliquait qu'il appréciait "bien davantage" Mark Zuckerberg que lors des mois précédents, dans l'émission Bussin' With The Boys.

Si le rapprochement entre Mark Zuckerberg et Donald Trump pourrait être largement favorable à Meta - et sceller le sort de Tiktok outre-Atlantique, il y a un autre sujet sur lequel les deux hommes pourraient s'entendre: la FTC.

Le gendarme de la concurrence est dans le viseur des GAFAM, et sa dirigeante, nommée par Joe Biden, pourrait rapidement être remerciée. En fonction du choix de Donald Trump, cela pourrait donner lieu à un assouplissement des règles en matière de concurrence, profitant directement à l'empire de Mark Zuckerberg, largement mis en cause sur ce sujet.

Sylvain Trinel