Facebook confirme la suspension du compte de Donald Trump

Le conseil des sages de Facebook attendu au tournant sur le sort du compte de Trump - Olivier DOULIERY © 2019 AFP
Donald Trump, suspendu de Facebook au lendemain des attaques du Capitole, pourrait ne jamais pouvoir revenir sur le réseau social. Le Conseil de surveillance de l'entreprise californienne - un comité créé par Facebook pour y inclure des experts extérieurs à l'entreprise - a rendu sa décision au sujet de l'ancien président américain ce 5 mai.
A ses yeux, Donald Trump a bien publié des contenus allant à l'encontre des règles du réseau social. De son côté, l'ex-président américain a qualifié cette décision de "honte absolue" estimant que la "liberté d'expression" avait été retirée au "président des Etats-Unis parce que des fous de la gauche radicale ont peur de la vérité"
"Facebook semble fuir sa responsabilité"
Le Conseil de surveillance critique toutefois sévèrement la mise en œuvre de la décision de Facebook.
"Il n'était pas approprié pour Facebook d'imposer une suspension indéfinie, qui est vague et arbitraire. Les sanctions classiques de Facebook incluent le retrait des contenus litigieux, une suspension temporaire ou un bannissement", regrette le Conseil de surveillance.
Aux yeux des experts, la suspension du compte de Donald Trump était donc justifiée dans le contexte de l'attaque du Capitole, mais la plateforme n'aurait pas dû appliquer des règles créées "sur-mesure" pour la situation. Ils invitent Facebook à revoir cette décision au cours des six prochains mois.
"En appliquant une sanction imprécise et arbitraire puis en se tournant vers le Conseil de surveillance pour résoudre cette situation, Facebook semble fuir ses responsabilités" tacle le comité d'experts, qui refuse de se prononcer lui-même concernant la nature exacte de la sanction à définir, laissant ainsi la porte ouverte à un éventuel - mais peu probable - retour de Donald Trump sur le réseau social.
"Le Conseil rejette la demande de Facebook [de lui fournir des recommandations au sujet de la sanction à appliquer à Donald Trump, ndlr] et insiste pour que Facebok applique et justifie une sanction définie" conclut le comité.
Selon le Conseil de surveillance de Facebook, plusieurs propos publiés par Donald Trump dans deux messages différents le 6 janvier dernier vont à l'encontre des règles d'utilisation.
"Nous vous aimons, vous êtes très spéciaux" avait d'abord déclaré Donald Trump à ses partisans les plus extrémistes participant aux violences du Capitole. Dans un second message, l'ancien dirigeant avait évoqué de "grands patriotes" et sa volonté de "se souvenir de ce jour à jamais".
Autant de propos qui, aux yeux de Facebook comme des experts de son Conseil de surveillance, vont à l'encontre de l'interdiction de faire l'apologie de la violence.
Dans la décision, le groupe d'experts extérieurs à Facebook pointent la nécessité de réserver un traitement identique aux personnalités publiques - y compris s'il s'agit de dirigeants - qu'aux autres utilisateurs. Comme Twitter, Facebook défend le fait qu'une publication contraire à ses conditions d'utilisation peut rester en ligne si elle se révèle d'intérêt public.
"Le Conseil de surveillance souligne que les considérations d'intérêt public ne devraient pas prendre le dessus lorsqu'une action urgente est nécessaire pour éviter des dommages significatifs" précise le texte.
Ce n'est pas la première fois que Facebook est en grande partie désavoué par son propre Conseil de surveillance. Début 2021, le comité avait jugé la politique de l'entreprise trop "floue" en matière de modération, notamment concernant la transparence au sujet des moyens mis en œuvre. La plateforme refuse notamment de préciser la proportion des décisions de modération prises par de simples algorithmes ou par des modérateurs humains.