Tech&Co
Apple

Du garage de Jobs à l'Apple Park: 50 ans d'histoire d'Apple à travers ses lieux emblématiques

placeholder video
Apple affichera 50 ans au compteur en 2026. Un an à peine de moins que Microsoft, autre géant, qui a fait l’histoire de la tech. Une histoire du côté de Cupertino qui ne s’est pas toujours racontée à l’Apple Park ou même à Infinite Loop. Retour sur les lieux cultes qui racontent aussi l’histoire de la marque la plus puissante au monde.

Si l’on connaît le sublime et démesuré Apple Park ou encore son prédécesseur le campus Infinite Loop, Apple a traversé bien d’autres sites à Cupertino, la ville où l’entreprise a élu domicile depuis la fin des années 1970. De multiples lieux traversés qui façonnent aussi à leur façon le storytelling de l’une des marques les plus connues au monde.

L’histoire d’Apple commence en 1976 dans un garage de la Silicon Valley. Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne se retrouvent dans la maison des parents du premier, située au 2066 Crist Dr à Los Altos, pour vivre de leurs innovations technologiques. Un mythe fondateur pour Apple. Si c’est bien là que le trio va définir ses premières orientations, ses premières innovations, aucun produit n’y sera créé.

Le garage où Steve Jobs et Steve Wozniak ont créé Apple à Los Altos
Le garage où Steve Jobs et Steve Wozniak ont créé Apple à Los Altos © Tech&Co

Le garage a servi de lieu symbolique à la genèse de la marque plutôt que de véritable centre opérationnel. Il sera surtout un atelier d’assemblage pour la conception ou la production. L’Apple I et l’Apple II ont été conçus par Steve Wozniak chez lui, et parfois même dans son bureau chez Hewlett-Packard où il travaille à l’époque. Tout a vraiment commencé pour Apple à cette adresse - désormais propriété d’un particulier et lieu vivant loin de l’ombre de la marque.

Wayne est âgé alors de 41 ans quand il s’associe à deux jeunots de 20 ans. Il rédigera le manuel d’instruction de l’Apple I et dessinera le tout premier logo d’Apple. Une entreprise au sein de laquelle il ne reste finalement que… 12 jours. Le 12 avril 1976, il revend les 10% des parts d’Apple qu’il détient pour 800 dollars. L’histoire a tendance à oublier le troisième homme de l’affaire qui a sans doute raté l’occasion d’une vie. Il laisse Jobs et Wozniak poursuivre l’aventure sans lui. Les deux hommes finissent par quitter le garage en 1977 pour rejoindre Cupertino et devenir une entreprise formelle. Ils ne quitteront plus la ville.

Le 1er avril 1976, Steve Wozniak et Steve Jobs créent l'Apple I, le micro-ordinateur qui a révolutionné l'informatique.
Le 1er avril 1976, Steve Wozniak et Steve Jobs créent l'Apple I, le micro-ordinateur qui a révolutionné l'informatique. © Apple

Un garage en mythe fondateur

Les premiers bureaux en dehors du domicile des Jobs seront inaugurés au 20863 Stevens Creek Blvd, en retrait d’une large avenue passante, au fond d’une mini zone industrielle sans relief. Apple a choisi Cupertino, car la ville se trouve alors au cœur d’un fief technologique en pleine expansion, de Mountain View à Palo Alto, là où les premières entreprises commencent à fleurir. Apple grandit, grossit aussi et, en 1981, migre ses locaux sur Bandley Drive, une rue assez anodine de Cupertino. Aujourd’hui, elle arbore des logos colorés de la pomme toutes les 10 minutes et pourrait être rebaptisée Apple Drive tant l’entreprise occupe de bâtiments toujours dans son patrimoine.

C’est ici que le Macintosh va être développé et voir le jour en 1984 pour révolutionner l’informatique personnelle. Ici aussi que l’identité corporate d’Apple se structure: culture de l’innovation, design distinctif, marketing disruptif. 

Bandley Drive, la rue où Apple a installé l'un de ses premiers sièges
Bandley Drive, la rue où Apple a installé l'un de ses premiers sièges © Tech&Co

Après une période de croissance et d’innovation, Steve Jobs quitte l’entreprise en 1985, poussé dehors par le PDG d’alors John Sculley, homme pragmatique et très orienté marketing qui veut alors mieux contrôler les projets - et les finances. Homme qu’il avait pourtant lui-même débauché de Pepsi-Cola pour faire avancer l’entreprise. Jobs veut continuer à innover à tout prix, Sculley n’accepte pas les débuts décevants du Macintosh. Il obtient le départ de l’entreprise du cofondateur qui n’y reviendra qu’en 1997 après avoir fondé NeXT et racheté une petite société d’animation qu’il a rebaptisé Pixar.

Sculley veut imprimer sa marque et pour cela, il décide d’un nouveau quartier général plus en phase avec sa vision de l’entreprise. Il veut centraliser tous les salariés alors éclatés sur plusieurs bâtiments. Il veut rationaliser le tout aussi. En 1993, il installe Apple dans ce qui deviendra son site durant plus de 20 ans: Infinite Loop. 

L'ancien siège d'Infinite Loop
L'ancien siège d'Infinite Loop © Tech&Co

L’entreprise reste fidèle au comté de Santa Clara et à son vivier de talents tech. Le campus tire son nom d’un terme en programmation (une boucle infinie comme un code qui tourne sans fin) et est une référence humoristique à la passion obsessionnelle d’Apple pour ses produits et l’innovation continue, le cycle de développement. C’est le Apple plus institutionnel, moins visionnaire qui prend ses quartiers. Mais, sans son esprit créatif, celui-ci a perdu son sens stratégique et son sens de l’innovation. Ce sera la clé du retour par la grande porte de Steve Jobs.

En 1997, il profite du rachat de NeXT par Apple pour reprendre les commandes et l’histoire d’Apple là où il l’a laissée. Les innovations et les succès s’enchaînent (l’iMac en 1998, l’iPod en 2001, l’iPhone en 2007 et l’iPad en 2010) et Steve Jobs veut un lieu qui réponde à sa vision, pour les produits du quotidien à concevoir comme pour l’environnement de travail de ses salariés. Il pense à un campus beaucoup plus grand. 

L'Apple Park: le projet d'une vie

Infinite Loop était une boucle infinie, il veut un cercle parfait pour montrer qu’Apple est implanté et de retour au premier plan. Et tout cela pour durer. Quelque chose de courbe, fluide et vivant, de parfait comme un cercle. Ce sera un projet dantesque et celui de ses dernières années.

Vue de l'Apple Park
Vue de l'Apple Park © Daniel L. Lu - Wikipédia

Et tout est fou dans ce projet: 71 ha de terrain, 5 milliards de dollars de coûts et 12.000 salariés qui y seront accueillis. Le terrain est principalement bétonné. Près de 80% du site va être rendu à la nature, des milliers d’arbres d’espèces locales replantés, la faune et la flore protégées. 

Les bâtiments sont en fibres de carbone et verre, recouverts de 65.000 m2 de panneaux photovoltaïques pour alimenter des lampes LED basse consommation. Le tout doit fonctionner à 100% aux énergies renouvelables. Car l’idée de Jobs, et défendue devant les instances pour avoir l’autorisation de bâtir, était d’en faire l’un des sites les plus écoénergétiques au monde. 

L’Apple Park est un manifeste, radical dans son architecture, mais avec un souci du moindre détail, mêlant nature et technologie. "Un campus né d’une imagination lumineuse", avait alors salué Jony Ive, le grand designer des principales créations d’Apple et acolyte de toujours de Jobs. Ce sera surtout son héritage à l’entreprise qu’il a cofondée et son empreinte indélébile. Quand les salariés prennent leurs quartiers à l’Apple Park en avril 2017, c’est sans Steve Jobs qui est décédé en octobre 2011. Près de 15 ans plus tard, Apple, bientôt quinquagénaire, est devenue la marque la plus puissante au monde. Son rêve s’est réalisé et son ombre plane encore et toujours sur les lieux comme sur l’histoire.

Melinda Davan-Soulas