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Ronald Wayne, ce co-fondateur d'Apple qui aurait pu être milliardaire

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Il aurait pu être multimilliardaire mais vit aujourd’hui dans un mobil-home. Voici l’histoire du troisième co-fondateur d’Apple, ou comment on peut être un ingénieur talentueux mais manquer de vista financière.

A la création d’Apple, ils étaient trois. Si les noms de Steve Jobs et Steve Wozniak vous disent probablement quelque chose, un des fondateurs du géant à la pomme est resté dans l’ombre. Et alors que les deux premiers sont devenus millionnaires, voire même milliardaire pour Steve Jobs, ce troisième homme vit aujourd'hui des aides sociales.

Son nom, c'est Ronald Wayne. Il se distingue déjà comme un ingénieur talentueux, et ce, bien avant Apple. Dans les années 1970, il fonde une entreprise de fabrication de machines à sous. Mais après cinq ans d’activité, la société ne génère plus un chiffre d’affaires suffisant. Ronald, sans autre alternative, ferme donc boutique.

Après cet échec, il rebondit chez Atari, grand nom de l’électronique, en tant que dessinateur industriel et programmateur. Au cours de cette expérience, nombreuses sont les rencontres. Il y croise les fameux Steve Wozniak et Steve Jobs, et à l'époque, ce dernier s’avère être un mauvais électronicien. Il doit même demander à ses deux comparses de faire son travail à sa place. Ronald, quant à lui, est très respecté pour ses compétences informatiques.

Alors que les deux Steve mettent au point un microprocesseur révolutionnaire, un désaccord surgit. Wozniak souhaite le présenter à Hewlett Packard, son employeur, tandis que Jobs s'y oppose. Ils se tournent vers Ronald Wayne. Son idée? Créer une entreprise propre afin de vendre leur innovation. Ni une, ni deux, l’ingénieur se joint à l’aventure.

Un départ précoce pour 800 dollars

Ronald Wayne a 41 ans quand il s’associe à deux jeunots de vingt ans. Considéré comme le “papa” de la bande, il rédige le manuel d’instructions de l’Apple I et design le logo d’Apple, initialement un dessin de Newton sous un arbre.

Premier logo d'Apple
Premier logo d'Apple © FreeLogoDesign

Le 1er avril 1976, ce n’est pas une mauvaise blague. Apple naît enfin. Le trio s’est mis d’accord sur la répartition des parts de la société: les deux Steve possèdent chacun 45% de la firme tandis que Ronald a 10%. La machine est très bien lancée, mais Ronald craint l’échec de sa société.

Il ne lui a fallu que 12 jours pour quitter le navire. Le 12 avril 1976, l’ingénieur vend les 10% d’Apple pour… 800 dollars. Manque de flair, s'il avait conservé ses parts, il serait aujourd’hui à la tête d’une fortune évaluée à près de 300 milliards de dollars.

Face à la spirale d'endettement initiée par Jobs, la décision de Wayne s’explique. En effet, les trois entrepreneurs obtiennent rapidement d’importantes commandes. Pour les honorer, Jobs achète à crédit du matériel pour 15.000 dollars. Mais Ronald Wayne est alors le seul détenteur de biens saisissables au cas où l'aventure tourne au vinaigre.

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Perdant, mais ne regrette rien

Il pourrait s’en mordre les doigts, pourtant, il assume haut et fort ne rien regretter. Parce qu’après tout, Ronald admet ne pas être fait pour le monde des affaires et la vie d’entrepreneur. "Si j’étais resté à bord, je serais incroyablement fortuné, mais je serais également l’homme le plus riche du cimetière, après être mort d’une crise cardiaque", tellement la pression était intense, expliquait en 2023 Ronald Wayne, comme le rapporte mac4ever.

Ronald Wayne apparaît comme un homme simple, qui n’a sans doute jamais désiré en premier lieu la gloire et la richesse. Il reconnaît ne pas avoir une bonne intuition financière. “J'étais bien meilleur ingénieur qu'homme d'affaires", affirme-t-il dans un entretien accordé au site The Next Web.

À 89 ans, l'ingénieur mène une vie tranquille dans un mobil-home situé au cœur du désert du Nevada, dans une bourgade de 35.000 habitants. Bien loin des projecteurs, il gère -pour gagner sa vie- un petit commerce de pièces de monnaie et de timbres de collection.

Le plus ironique de cette histoire, le co-créateur de la firme à la pomme n’a jamais goûté au fruit de son travail. Il ne s’est jamais équipé de produits Apple, et ce n’est pas tout. Dans cette démarche de simplicité, il ne dispose que d’un simple téléphone d’urgence “TracFone” dans sa voiture, aucun autre appareil électronique. Paradoxal pour un informaticien.

Romy Azoulay