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Algorithmes, financement: comment le rapport Bronner veut lutter contre le complotisme en ligne

Les données de millions d'utilisateurs Facebook et Twitter exposées

Les données de millions d'utilisateurs Facebook et Twitter exposées - BFMTV.com

INFO BFMTV - Remis à Emmanuel Macron, le document met en cause les algorithmes de recommandation des réseaux sociaux, mais aussi le rôle de la publicité en ligne et du financement participatif.

Remis ce 11 janvier à Emmanuel Macron, le rapport Bronner fait le bilan de l'importance prise par la désinformation en ligne, alors que les fake news concernant le Covid-19 sont largement diffusées sur des plateformes comme Facebook ou Twitter. La campagne présidentielle fait elle aussi remonter certaines craintes concernant des tentatives de déstabilisation émanant de militants, voire de l'étranger.

Le document, qu'a pu consulter BFMTV, est le fruit de trois mois de travail d'un groupe d'expert sur le complotisme. Il émet trente recommandations à destination des pouvoirs publics, mais également des géants du numérique.

Certaines remettent en cause le fondement même des principaux réseaux sociaux, dont les contenus les plus viraux sont recommandés par des algorithmes afin de maximiser le temps passé par l'utilisateur et diffuser le plus de publicité possible.

Désactiver les algorithmes

Le rapport Bronner plaide pour que les utilisateurs puissent désactiver par défait "l'éditorialisation algorithmique", qui fabrique notamment le fil d'actualité de Facebook, Instagram, ou Twitter. Le but étant de proposer un fil chronologique, affichant les contenus publiés par des comptes auxquels l'utilisateur est abonné, sans qu'une publication plus radicale ou plus sensationnelle ne soit mise en avant.

Si Twitter permet déjà de désactiver cette sélection algorithmique définitivement, ce n'est pas le cas de Facebook et Instagram, qui proposent tous deux de telles options tout en prenant le soin de les cacher ou de les rendre peu fonctionnelles au quotidien.

Le rapport Bronner s'attaque par ailleurs au financement des sites de désinformation, par le biais de la publicité en ligne. Pour le groupe d'experts, il est impératif de limiter leurs sources de revenus, en "encourageant le recours, par les annonceurs, les régies, les agences publicitaires et surtout les fournisseurs de technologie publicitaire, à des listes d’exclusion et d’inclusion de sites web".

Parmi les entreprises visées, Google et Facebook, géants américains de la publicité en ligne, mais aussi des plateformes de financement participatif, récemment accusées de financer des sites Web complotistes.

En septembre 2021, Google a notamment supprimé ses publicités du site complotiste France Soir, qui est par ailleurs resté financé par le biais de la plateforme Ulule, avec des dons défiscalisés récoltés par le syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil) jusqu'au 30 septembre.

Ouvrir les données aux chercheurs

Le rapport Bronner évoque par ailleurs la nécessité que les plateformes ouvrent leurs données aux chercheurs travaillant sur les fausses informations et le complotisme. Là encore, il s'agit d'une voie qui ne semble pas privilégiée par Facebook, qui a supprimé au cours de l'été 2021 les comptes de chercheurs de l’Université de New York qui étudiaient la désinformation sur le réseau social.

La commission Bronner émet également l'idée d'une évolution du code civil, afin que ceux qui diffusent sciemment une fausse information puissent être plus facilement poursuivis.

"Toute diffusion par voie numérique d’une nouvelle que l’on sait être inexacte et qui porte préjudice à autrui engage la responsabilité civile de celui qui la commet ainsi que de toute personne qui la rediffuse en connaissance de cause" peut-on lire dans le rapport, sous forme de suggestion.

Face aux nombreuses faiblesses de la modération des réseaux sociaux, la possibilité pour chaque internaute de saisir l'Arcom (nouvelle autorité intégrant l'ancien CSA) est proposée, par exemple si la plateforme ne prend pas de mesure face à la diffusion massive "d’un contenu susceptible de véhiculer une fausse nouvelle pouvant troubler l’ordre public."

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co