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Propagande terroriste: des écoles américaines et israéliennes recommandent aux enfants de désinstaller les réseaux sociaux

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En Israël comme aux États-Unis, plusieurs écoles recommandent de supprimer les réseaux sociaux comme Tiktok ou Instagram des téléphones des enfants, pour les empêcher de voir les images sanglantes qui envahissent internet depuis les attentats du Hamas.

Le moyen le plus simple d'échapper à l'horreur? En Israël comme aux États-Unis, plusieurs écoles incitent fortement les parents à désinstaller certains réseaux sociaux des téléphones de leurs enfants, pour éviter qu'ils ne soient exposés à des images traumatisantes de propagande du Hamas.

"Chers parents: on nous a signalé qu'il y aura bientôt des vidéos d'otages suppliant d'avoir la vie sauve", a écrit une école de Tel Aviv dans une note consultée par le magazine Forbes. Le mouvement terroriste a pris en otage plus de 150 personnes depuis les attentats du 7 octobre, et avait menacé de les exécuter en cas de riposte israélienne sans préavis sur Gaza.

"Veuillez désinstaller Tiktok des téléphones de vos enfants", implore cette école. "Nous ne pouvons pas permettre à nos enfants de voir ça."

Une autre lettre d'une école, traduite de l'hébreu par Forbes, recommande également de supprimer Facebook et Telegram. Une troisième, envoyée par une école du New Jersey, mentionne Instagram.

"Comme l'a souligné un psychologue israélien, 'les vidéos et témoignages auxquels nous sommes actuellement exposés sont plus lourds et plus cruels que nos âmes ne peuvent supporter", décrit la lettre de l'école du New Jersey.

Une école de New York, citée par la BBC, recommande plutôt aux parents de surveiller l'utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants, et de "discuter de la manière d'éviter ces vidéos et de ce qu'il faut faire s'ils sont confrontés à ce genre d'images". Des recommandations appuyées par une des principales écoles juives du Royaume-Uni, citée par le média britannique.

Violence et désinformation massives

Corps mutilés, blessés graves, victimes inconscientes brutalisées par des hommes armés... Depuis les attentats perpétrés par le groupe terroriste du Hamas, et la riposte engagée par l'armée israélienne sur la bande de Gaza, les réseaux sociaux sont envahis de vidéos et photos sanglantes. Une vague de contenus choquants qui met à l'épreuve leurs politiques de modération.

Certains réseaux sont particulièrement pointés du doigt. Parmi eux, Twitter (rebaptisé X), qui a perdu la quasi-totalité de ses équipes de modération depuis son rachat par Elon Musk et se retrouve aujourd'hui dépassé. Mais aussi les réseaux de Meta, Facebook et Instagram.

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L'Union européenne a adressé un avertissement clair aux deux milliardaires: en cas de non-respect de leurs obligations en matière de modération, les grandes plateformes s'exposent à des sanctions pouvant aller jusqu'à l'interdiction du réseau en Europe. Un avertissement qui a donné lieu à une passe d'armes entre Elon Musk et le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton.

Ce déferlement de violence est aussi accompagné d'une vague de désinformation. De nombreux comptes republient des images parfois sans rapport direct avec le conflit, pour diffuser des fausses informations ou générer de l'engagement – qui, grâce à l'abonnement X Premium, peut rapporter de l'argent même si les affirmations sont fausses.

En France, les autorités veulent se saisir du problème. Selon une information de Tech&Co, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot vont rencontrer les principales plateformes "en début de semaine prochaine" pour "taper du poing sur la table", et les rappeler à leurs obligations en matière de modération.

Luc Chagnon