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"J'ai vraiment révisé avec ses contenus": Sur Pornhub, une chercheuse vulgarise les cours de maths

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Sur Pornhub et Onlyfans, Zara Darcy, chercheuse en bio-ingénierie vulgarise les mathématiques. Un moyen d'apprendre les sciences à un nouveau public et surtout, une manne financière non négligeable.

Apprendre les mathématiques sur Pornhub ou Onlyfans, c'est possible. Entre plusieurs vidéos coquines, certains internautes ont pu découvrir les contenus de Zara Darcy, une chercheuse indépendante en bio-ingénierie.

Débardeur légèrement révélateur et marqueur à la main, la scientifique de 25 ans passe plusieurs minutes à détailler les origines du chiffre Pi, à expliquer ce qu'est un réseau neuronal ou à décrypter le concept de fonctions dérivées.

Détourner une plateforme porno

Sur la plateforme pour adulte, sur Youtube ou Onlyfans, elle s'amuse à vulgariser des sujets scientifiques, technologiques ou de mathématiques à ses abonnés. "J'aime me focaliser sur les concepts de base que les gens ont généralement le plus de mal à comprendre car ils sont très mal expliqués", détaille-t-elle auprès de Tech&Co. "Mon but, c'est de rendre ces informations moins intimidantes."

Tout est parti d'une simple expérience. Zara Darcy partageait déjà des vidéos autour des sciences sur plusieurs réseaux, et notamment sur Youtube. "C'était mon premier choix pour poster des vidéos car c'est là où la majorité des gens vont pour apprendre", se remémore la créatrice de contenus aux 182.000 abonnés.

"Mais ça comporte beaucoup de restrictions, comme les changements récurrents d'algorithme ou les politiques de monétisation strictes", observe-t-elle. Elle décide alors de tenter un test un peu fou: partager ces mêmes contenus, mais sur une plateforme pour adultes.

"J'ai posté les mêmes vidéos de sciences sur Pornhub juste pour voir si ça deviendrait plus viral et si j'allais gagner plus d'argent. Ca a été le cas", sourit-elle.

Liberté financière

Si la jeune femme a plus d'abonnés sur sa chaîne Youtube, son compte Pornhub défie les statistiques. Sa dernière vidéo sur les intégrales a été visionnée plus de 660.000 fois et récolte 87% de taux de satisfaction.

Sur le site pornographique, les revenus publicitaires par million de vues sont trois fois plus élevés. Pour un million de vues, elle gagne 1.000 dollars sur Pornhub, contre 340 dollars sur la plateforme de Google.

"Je gagne beaucoup plus par vues en postant sur des plateformes pour adultes que sur Youtube", détaille-t-elle. "Principalement parce que mes contenus sortent du lot sur ce genre de sites et il n'y a pratiquement personne qui fait des contenus éducatifs là-bas." Au total, la jeune femme gagne pas moins de 250.000 dollars par mois.

Un joli pactole qui lui permet d'être plus indépendante financièrement et surtout, d'arrêter son doctorat. "J'ai rapidement réalisé que je voulais une vie plus indépendante et où je n'étais pas liée à une institution. Je voulais avoir la liberté de travailler sur des projets qui me tiennent à coeur", précise-t-elle.

"J'ai vraiment révisé avec ses contenus"

"Pornhub m'a donné plus de libertés pour atteindre différents types d'audiences et des gens qui sont plus curieux et ouverts d'esprit", poursuit la créatrice de contenus. "Personne ne va sur ces plateformes en pensant tomber sur des leçons de calculs ou d'apprentissage automatique."

Dans les commentaires, les internautes semblent effectivement très surpris. "Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais en cherchant 'schoolgirl'", plaisante l'un d'entre eux. "Il est trois heures du matin et je regarde ça.. j'ai besoin d'une thérapie", ajoute un autre.

Mais certains internautes semblent réellement utiliser ces vidéos pour apprendre les mathématiques. "Notre professeur nous a montré ça en cours. Super vidéo", écrit un internaute. "J'ai vraiment révisé avec ses contenus, merci car j'ai eu un score de 86", s'enthousiasme un dernier.

Zara Darcy a conscience que ces exemples sont des exceptions. Tous les utilisateurs ne suivent pas assidûment ses vidéos pour les concepts qu'elle vulgarise. Pour attirer de potentiels abonnés, Zara n'hésite pas à multiplier les débardeurs et à se référencer dans les catégories "étudiante" ou "gros seins". Mais pas de quoi décourager la chercheuse qui croit aux bienfaits de sa chaîne et espère toucher un public très éloigné des sciences.

"Même si quelqu'un ne regarde que la moitié de la vidéo et repense plus tard aux concepts abordés, c'est quand même une bonne chose", insiste Zara Darcy. "Et, puisque c'est fun, ils partagent la vidéo à leurs amis et ils finissent tous par apprendre quelque chose."

Salomé Ferraris et Marie Mabilais