Des insultes à "oncle Musk", comment Elon Musk et Donald Trump sont devenus inséparables

Un membre de son administration… voire de la famille. Plus encore que son futur vice-président J.D. Vance, Elon Musk est la personnalité qui a le plus marqué les esprits lors de l'élection de Donald Trump début novembre. Futur conseiller, apparenté à un ministre de l'"efficacité gouvernementale", Elon Musk n'a pourtant pas toujours été aligné avec les positions de Trump.
Naturalisé américain en 2002, Elon Musk a longtemps revendiqué son vote démocrate, en soutenant Barack Obama, puis Hillary Clinton lors de l'élection de 2016, notamment en figurant parmi les plus gros donateurs en Californie, comme le rapportait le média Bloomberg en 2015.
En 2020, Elon Musk se montre particulièrement discret lors du scrutin. Tout en ayant par la suite affirmé avoir voté Biden, il refuse de s'engager publiquement, et financièrement. Mais fin 2021, un arbitrage de Joe Biden en faveur du principal syndicat des travailleurs de l'automobile (UAW), qu'Elon Musk a en horreur, l'irrite particulièrement.
"Biden est une marionnette de l'UAW" tacle ainsi Musk le 31 octobre 2021.
Officiellement, Elon Musk n'a jamais confirmé que son revirement en faveur de Donald Trump était lié à ce conflit autour de Tesla. Mais quelques mois après cette déclaration visant Joe Biden, Musk annonce publiquement sa volonté de racheter Twitter.
"Trop vieux pour diriger quoi que ce soit"
Le but? "Faire réélire Donald Trump en 2024", explique-t-il à ses enfants au début du mois de mai 2022, comme le raconte son biographe Walter Isaacson dans le livre "Elon Musk", sorti en 2023.
Malgré les critiques d'Elon Musk à l'encontre de Joe Biden, Donald Trump s'en prend à au patron de Tesla, allant jusqu'à le traiter de "putain de baratineur", le 10 juillet 2022. Trump reproche alors à Musk de lui avoir - en privé - assuré avoir voté pour lui, malgré son soutien public à Joe Biden en 2020.
Quelques heures plus tard, sur Twitter, Elon Musk prendra ses distances avec Donald Trump, estimant qu'il est temps pour ce dernier de "raccrocher", et mettre fin à toute ambition politique pour 2024.
"Trump aurait 82 ans à la fin du mandat (en 2028, ndlr), ce qui est trop vieux pour diriger quoi que ce soit" taclait Musk le 12 juillet 2022.
Ces échanges d'amabilités entre Elon Musk et Donald Trump n'empêchent pas un très lent rapprochement idéologique entre les deux hommes, qui passera en grande partie par la défense de la liberté d'expression par le premier, lors du rachat de Twitter.
Une fois la transaction finalisée, fin 2022, Elon Musk lance un sondage afin de demander aux utilisateurs s'ils souhaitent voir Donald Trump autorisé à revenir sur la plateforme. Le président avait en effet été banni de Twitter - comme de l'ensemble des réseaux sociaux - lorsqu'il avait invité ses partisans à envahir le Capitole, le 6 janvier 2021. Une attaque qui avait fait cinq morts. Suite à un résultat favorable du scrutin en ligne, Musk annonce le retour de Trump sur Twitter le 20 novembre 2022.
Malgré cette concession, du chemin reste à faire pour faire converger les deux hommes sur deux sujets essentiels: les cryptomonnaies et les voitures électriques. Passionné par les cryptomonnaies, Elon Musk en fait régulièrement la promotion. De son côté, Donald Trump les qualifie "d'arnaque" et de "désastre potentiel". Le même qualificatif "d'arnaque" sera utilisé par Trump pour parler des voitures électriques. Un frein de taille pour Musk, dont l'essentiel de la fortune repose sur son entreprise Tesla.
Cryptos et voitures électriques
S'il faudra attendre la tentative d'assassinat de Donald Trump, le 14 juillet 2024, pour voir Elon Musk officialiser son soutien, ce dernier multipliera les appels du pieds les mois précédents.
"On peut ne pas être d'accord avec lui, mais il n'est jamais ennuyeux", estimait Musk en août 2023. "Le 6 janvier (l'assaut du Capitole, ndlr) n'était en aucun cas un 'bain de sang') ajoutait-il le 17 mars 2024.
"Il n'y a pas eu la moindre discussion concernant une fonction pour moi en cas de nouvelle présidence de Donald Trump" assurait ensuite Elon Musk le 30 mai 2024, face aux rumeurs insistantes de ralliement, quelques semaines avant qu'Elon Musk ne lie officiellement son destin à celui de Donald Trump.
Un ralliement idéologique, financier et numérique: dès lors, Elon Musk met des dizaines de millions de dollars et la puissance de Twitter à profit pour faire élire Donald Trump face à Kamala Harris. Une implication qui pousse Donald Trump à faire des concessions de taille sur les deux sujets fétiches de Musk.
Dans un virage à 180 degrés, Donald Trump annonce en septembre 2024 vouloir faire des Etats-Unis "la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies". Si le sujet de la voiture électrique est plus épineux pour l'électorat républicain, attaché à l'industrie pétrolière, Trump expliquera au cours de l'été 2024 être finalement "pour les voitures électriques".
"Je dois l'être parce qu'Elon m'a fortement soutenu" explique-t-il alors, assumant ouvertement les raisons de son revirement.
Désormais présent sur les photos de famille de la famille Trump et considéré comme un "oncle" par Kai Trump, la petite-fille du futur président, Elon Musk peut savourer son pari gagnant.
Depuis l'élection, le cours des principales cryptomonnaies a atteint des records historiques, tandis que celui de l'action Tesla a augmenté de 35%. Confortant la place d'Elon Musk à la tête des hommes les plus riches du monde, avec une fortune qui dépasse désormais les 300 milliards de dollars.