1 million de dollars: Elon Musk achète-t-il des électeurs pour faire élire Donald Trump?

Gagner de l’argent en signant une pétition. C’est ce que propose Elon Musk aux citoyens américains vivant dans les sept "swing states", États décisifs dans la course à la Maison Blanche. Non seulement, ils peuvent toucher jusqu’à 100 dollars, ils ont aussi la possibilité de gagner 1 million de dollars, par le biais d'un jeu concours.
"Chaque jour, à partir de maintenant et jusqu’au 5 novembre, America PAC (nom du comité d’action politique d’Elon Musk, ndlr) donnera 1 million de dollars à une personne dans les États clés qui a signé notre pétition pour soutenir la liberté d’expression et le droit de porter des armes!", a-t-il annoncé sur X (ex-Twitter) ce dimanche 20 octobre.
Lancée début octobre, cette pétition proposait jusque-là 47 dollars à tout internaute ayant parrainé un autre internaute ayant signé le texte en ligne - et 100 dollars en Pennsylvanie, un États particulièrement disputé. Elle met en avant des idées conservatrices, afin d'attirer des signataires susceptibles de basculer en faveur de Donald Trump.
Pour Elon Musk, qui vise un million de signataires, le but est de collecter massivement les numéros de téléphone des signataires et de leurs parrains (des données qu'il faut fournir pour toucher l'argent) afin de les contacter et de les mobiliser pour l'élection du 5 novembre.
Avec des votes qui se jouent à quelques dizaines de milliers de voix dans les sept États clés, un tel objectif pourrait permettre de faire basculer l'élection en faveur de Donald Trump, le candidat soutenu par Elon Musk.
Proche de la ligne rouge
Elon Musk a précisé, dans un autre message, que ces derniers peuvent "appartenir à n’importe quel parti politique ou à aucun parti politique", mais aussi qu'ils n’ont pas besoin de voter pour tenter de gagner un million de dollars. Malgré ces mises en garde afin d'éviter d'être accusé d'acheter des votes, l’initiative de Musk interroge pourtant d’un point de vue légal.
Plusieurs experts considèrent qu'elle est illégale, dont Richard Hasen, juriste américain et professeur de droit à l’université de Californie à Los Angeles. "Si certaines des autres activités de Musk étaient peut-être d’une légalité incertaine, celle-ci est clairement illégale", a-t-il affirmé sur son blog, Election Law Blog.
Pour appuyer ses propos, le juriste fait référence au Code des États-Unis, qui stipule que "quiconque (...) paie ou offre de payer ou accepte un paiement pour s’inscrire sur les listes électorales ou pour voter, est passible d’une amende maximale de 10.000 dollars ou d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans, ou des deux à la fois".
Cette disposition s’applique aux "élections générales, spéciales ou primaires organisées uniquement ou en partie dans le but de sélectionner ou d’élire un candidat", notamment au poste de président, précise le code des États-Unis.
... et légal
Un manuel du ministère américain de la Justice sur les crimes électoraux indique en outre que cette interdiction couvre "tout ce qui a une valeur monétaire, y compris de l’argent liquide, de l’alcool, des chances à la loterie et des prestations sociales telles que des bons alimentaires".
Si certains spécialistes estiment qu'Elon Musk a franchi la ligne rouge en achetant des électeurs, d’autres experts ne partagent pas cet avis. Ancien président de la Commission électorale fédérale aux États-Unis, Bradley Smith considère, lui, que la récompense promise par le milliardaire est trop indirecte pour être illégale: en effet la pétition d'Elon Musk rémunère ceux qui s'inscrivent sur les listes, mais également ceux qui étaient déjà inscrits par le passé.
"J’aurais tendance à dire qu’il ne les paie pas pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales", a-t-il déclaré auprès du Wall Street Journal, assurant que "la plupart des avantages vont à des personnes déjà inscrites sur les listes électorales".
Ce qui pourrait diminuer la portée des accusations estimant que Musk achète des inscriptions sur les listes électorales - et potentiellement des votes - pour des électeurs attirés par les idées promues par sa pétition.