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Broadcom, le concurrent de Nvidia qui espère profiter des faiblesses de son rival

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Face aux difficultés de Nvidia en bourse, Broadcom tire son épingle du jeu grâce à une stratégie d'acquisition et une emprise sur le marché professionnel.

En bourse, la descente est brutale pour Nvidia. La marque s'est vue infliger une correction par les marchés, ce qui profite à Broadcom. Le spécialistes de puces électroniques, un des principaux concurrents de Nvidia, a vu son cours exploser à Wall Street pour atteindre +24% la semaine dernière. Sur l'année 2024, la hausse est même de 165%.

Des investissements tous azimuts

C'est un véritable effet d'aubaine pour Broadcom, car Nvidia doit faire face à de sérieuses déconvenues notamment auprès des investisseurs, qui voient d'un mauvais oeil les problématiques géopolitiques dont la firme au caméléon dépend complètement. Nvidia n'est pas comme Intel et ne possède aucune usine: elle fait concevoir ses puces à Taïwan par TSMC, et est donc liée à la situation sur place. La Chine rappelant régulièrement qu'elle veut reprendre le contrôle de cette île, des doutes subsistent sur la capacité du géant de l'électronique à résister à la pression politique.

De plus, Nvidia doit également réussir à convaincre que sa nouvelle gamme de cartes graphiques, qui sera dévoilée au CES 2025, mérite d'être achetée par les joueurs. Broadcom, lui, n'est pas lié à une sortie future d'un produit pour continuer à gagner de l'argent sereinement.

Fondée en 1991, l'entreprise américaine s'est spécialisée dans les semi-conducteurs, ces éléments essentiels au bon fonctionnement de tous les appareils électroniques. Il fut d'ailleurs l'un des premiers partenaires d'Apple lorsque celui-ci s'est lancé dans l'aventure de l'iPhone.

Aujourd'hui, la compagnie pèse plusieurs milliards, bien aidée par l'essor des smartphones. Surtout, en 2015, Broadcom passe sous pavillon singapourien, en passant chez Avago pour 37 milliards de dollars.

Une dépendance à Apple qui sème le doute

Si depuis, son très discret patron, Hock Tan, a préféré rapatrier une partie des filiales vers les Etats-Unis, c'est justement pour s'éviter les problèmes de Nvidia. Par ailleurs, Broadcom a aussi eu la fièvre acheteuse, par exemple en s'offrant Symantec, à qui l'on doit l'antivirus Norton, dont il a ensuite déployé les solutions sur ses services de cloud et de virtualisation grâce à VMWare, qu'elle a acheté pour 61 milliards.

Dernièrement, c'est encore le nom de Broadcom - au côté de celui de Qualcomm, son rival - qui est ressorti pour un hypothétique rachat d'Intel, en grande difficulté financière. Mais les obstacles réglementaires sont énormes, même si le rapprochement du patron de Broadcom avec Donald Trump pourrait porter ses fruits.

Contrairement à ses concurrents, Broadcom est également connu pour rester raisonnable, et ce, même si l'entreprise est prépondérante dans les milieux professionnels. Elle n'a ainsi pas augmenté ses prix et cherche à se diversifier, notamment dans l'intelligence artificielle en devenant une alternative plus accessible pour de nombreuses entreprises. Sa division de semi-conducteurs dédiés à l'IA va ainsi lui permettre de connaître une croissance de l'ordre 65%.

Si Broadcom est salué par les investisseurs en bourse, cela n'empêche toutefois pas de regarder la réalité en face: la société est, depuis le lancement de l'iPhone, ultra dépendante d'Apple, notamment sur la partie réseau. Cela permet pour l'instant à la firme de Cupertino de ne pas trop se reposer sur Qualcomm.

Sauf qu'Apple a en stock, dans les prochaines années, sa propre puce réseau fruit du rachat des brevets d'Intel en la matière, qui pourrait notamment équiper un premier iPhone, le SE, dès 2025. De quoi faire frémir Broadcom, qui vend tout de même plus d'un milliard de puces par an, dont 75% fabriquées à Taïwan par TSMC.

Sylvain Trinel