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Du jeu vidéo à l'IA: comment Nvidia a réussi à devenir incontournable grâce à ChatGPT

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Devenue première capitalisation boursière, Nvidia a réussi à imposer son modèle lié à l'intelligence artificielle, tout en restant une référence sur le secteur du jeu vidéo, qui l'avait fait connaître.

Lorsque Nvidia voit le jour, à la fin des années 90, l'entreprise se spécialise dans le jeu vidéo avec pour objectif de s'imposer sur un marché loin d'être mûr en proposant des cartes graphiques. Ces dernières permettent de faire tourner des jeux vidéo sur des ordinateurs portables ou des tours, et sont renouvelées régulièrement.

Le jeu vidéo ne représente que 9% des revenus en 2024

Jusqu'en 2017, la partie dédiée aux jeux vidéo représente jusqu'à 62 % des revenus de Nvidia. Cela concerne essentiellement ses cartes graphiques, qui sont aujourd'hui parmi les plus puissantes au monde. Mais ces dix dernières années, Nvidia va surtout opérer un changement important de sa politique interne, en se concentrant davantage sur la partie serveur. Résultat, en 2024, la partie gaming ne pèse que pour 9 % de ses revenus. Un envol permis par ChatGPT qui fête ses deux ans.

Aujourd'hui, Nvidia est devenu incontournable grâce à l'intelligence artificielle, devenant la première capitalisation boursière, puisque grâce à sa division serveurs, elle est en mesure de fournir les puces qui font aujourd'hui tourner la plupart des grands modèles de langage, dont OpenAI et son ChatGPT.

Une supériorité qui a fait du mal à Intel, qui a pris trop tard le train de l'IA, et à AMD, qui ne semble pas encore prêt à lui tenir tête.

"Ceux qui font de l'IA ont très vite compris que ce que proposait Nvidia permettait de réaliser leurs projets, car les calculateurs basés sur les puces de Nvidia permettaient de traiter des volumes gigantesques de données", explique Jean-Edwin Rhea, gestionnaire de fonds chez Quadrille Capital, à Tech&Co.

Sur le terrain de l'IA, Nvidia en est même à avoir du mal à répondre à la demande. Quand Elon Musk veut équiper ses fermes de serveurs pour améliorer encore davantage Grok, il commande plusieurs centaines de milliers de puces à Nvidia. C'est à la fois une aubaine financière, mais aussi un véritable défi pour une entreprise qui ne fabrique pas elle-même ses puces, puisqu'elle passe par le taïwanais TSMC - également à l'origine des puces de l'iPhone.

Des investisseurs encore attentifs

Malgré ces résultats qui dépassent toutes les attentes et espérances, Nvidia reste sous l'œil attentif des investisseurs, qui craignent que la bulle dans laquelle se trouve la société ne finisse par exploser. Pour Jean-Edwin Rhea, cette possibilité est néanmoins peu probable, même sur le long terme: "La probabilité pour que le marché disparaisse ou se réduise est assez faible, il faudrait qu'il y ait pour ça une rupture technologique majeure qui remplace les puces utilisées jusqu'à présent."

Pour l'analyste, seul l'ordinateur quantique pourrait véritablement avoir un impact sur le devenir de Nvidia, mais cette technologie est encore loin d'être prête.

"Cela dit, ça ne veut pas dire que l'ordinateur quantique va complètement remplacer les puces de Nvidia. Ils peuvent cohabiter, à l'instar des ordinateurs portables avec une puce graphique intégrée et les cartes graphiques à destination des tours, l'un n'a pas remplacé l'autre," précise Jean-Edwin Rhea.

L'avenir va donc encore s'écrire avec le vert du logo de Nvidia, même si les investisseurs vont regarder de près les prochaines annonces qui auront lieu en tout début d'année 2025. À ce moment-là, l'entreprise va notamment dévoiler une partie de ses nouvelles cartes graphiques, les RTX Series 50, et doit également annoncer une salve de nouveautés côté serveur et IA dans le courant du printemps : "Avec Blackwell [le nom de sa prochaine architecture, ndlr], Nvidia va frapper fort, et ce sera la première architecture entièrement conçue à la fois pour le jeu vidéo et pour l'intelligence artificielle."

De nouvelles puces dès 2025 pour Nvidia

Enfin, même si les revenus liés au jeu vidéo ne représentent plus que 9 %, ce chiffre est à relativiser. Dans ses derniers résultats financiers, Nvidia démontre bien que si ce chiffre est très bas, cela ne veut pas pour autant dire qu'elle gagne beaucoup moins d'argent sur ce segment, en valeur absolue. C'est l'activité serveur qui a ainsi explosé sans impacter les autres marchés sur lesquels elle est présente.

"Le marché a un peu décliné lorsque les cartes graphiques ont arrêté d'être utilisées pour miner de la cryptomonnaie," ajoute Jean-Edwin Rhea. "Mais les revenus restent élevés et cela ne risque pas d'être un problème pour Nvidia."

Notons toutefois que les revenus "gaming" de Nvidia pourraient relever la tête dans les prochains mois avec la sortie de l'héritière de la Nintendo Switch. Avec le fabricant japonais, l'entreprise va en effet concevoir la puce qui permettra de faire tourner sa prochaine console. À défaut d'avoir réussi à faire venir PlayStation et Xbox dans son escarcelle, Nvidia peut se targuer d'avoir en son sein l'une des plus puissantes sociétés de jeu vidéo du monde.

Sylvain Trinel