"Une décision brutale": la micro-crèche accusée de maltraitances à Rouen déplore sa fermeture

Une décision qui ne passe pas. Ce samedi 13 avril, le groupe Les Petits chaperons rouges, qui gère la micro-crèche Beauvoisine de Rouen (Seine-Maritime), fermée temporairement par la préfecture après des signalements de parents, a réagi dans un communiqué.
"L'établissement Les Malicieux de Beauvoisine a été notifié d'un arrêté préfectoral de fermeture provisoire le 12 avril à 18h. Le 11 avril, l'établissement se voyait remettre une mise en demeure de réaliser divers aménagements et faisait simultanément l'objet d'une visite de contrôle", explique d'aborde le groupe.
Avant de poursuivre: "Alors que ce courrier annonçait une future visite pour vérifier les actions mises en place, l'établissement s'étonne de cette décision brutale."
"La direction et la nouvelle équipe sont d'ores et déjà pleinement mobilisées pour achever ces aménagements dans les meilleurs délais et proposer des solutions d'accueil alternatives aux familles", poursuit le groupe.
Des "dysfonctionnements" signalés par des parents
La micro-crèche sera fermée à partir de lundi et pendant trois mois à Rouen en raison de "divers dysfonctionnements" signalés par des parents depuis décembre, ont annoncé la préfecture et le département de Seine-Maritime.
L'inspection réalisée jeudi 11 avril avait conclu "que la sécurité des enfants n'était pas assurée au sein de ce lieu d'accueil", affirmaient la préfecture et le département dans un communiqué conjoint, diffusé vendredi 12 avril. Les services de la CAF de la Seine-Maritime ont "aussitôt été mobilisés afin de proposer aux familles concernées un accueil au sein de relais petite-enfance, dès ce lundi", d'après la même source.
Interrogée ce samedi 12 avril au micro de BFMTV, Florence Hérouin Léautey, adjointe à la mairie en charge des écoles et de la petite enfance, a déploré "un secteur qui fait preuve de bien trop peu d'éthique lorsque les parents confient leurs plus jeunes progénitures à ces organismes", a-t-elle avancé.
"Ce sont des commerciaux qui ouvrent des structures d'accueil qui ne répondent pas aux règles. Les enfants ne sont pas des marchandises."
Un cadre réglementaire bientôt réformé
Missionnée après la mort d'un bébé dans une crèche privée à Lyon en 2022, l'Igas -Inspection générale des affaires sociales - avait recommandé l'an dernier de renforcer le contrôle des crèches, publiques et privées.
La ministre chargée de l'Enfance et des Familles Sarah El Haïry veut aligner le cadre réglementaire des micro-crèches (moins de douze berceaux) sur les petites crèches, comme le recommande un rapport de l'Igas et de l'Inspection générale des finances (IGF).
Les micro-crèches représentent la moitié des créations d'établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE) entre 2010 et 2020, et 13% des places en 2020, selon ce rapport.
Un chiffre d'affaies supérieur au milliard d'euros
Conçues initialement pour développer une offre de garde dans des zones rurales, elles bénéficient d'un cadre réglementaire moins exigeant. Ces dérogations conduisent à "fonctionner avec des personnels faiblement qualifiés et peu encadrés", selon la mission Igas-IGF.
Deux livres-enquêtes parus en septembre - "Le prix du berceau" et "Babyzness" - ont mis au jour le mode de fonctionnement de certaines structures privées, mettant en cause une course au rendement au détriment des enfants.
Vingt ans après l'ouverture du secteur au privé, les crèches privées proposent 80.000 places, soit quelque 20% des places disponibles et réalisent un chiffre d'affaires compris entre 1,1 et 1,4 milliard d'euros, selon un rapport de Matignon publié en 2021.