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Rouen: le musée des Beaux-Arts veut identifier les oeuvres spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale

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Le musée a lancé des recherches pour déterminer la provenance de plusieurs tableaux, dont sept sont fortement soupçonnés d'avoir été spoliés.

Quelle est l'origine de ce Renoir, exposé au musée des Beaux-Arts de Rouen? Une question à laquelle le musée essaie de répondre avec un audit de recherches de provenance lancé en 2022.

Cet audit doit déterminer si certaines œuvres du musée ont été spoliées aux familles juives lors de la Seconde Guerre mondiale.

"Il nous appartient de rendre justice"

Sur 38 œuvres pour le moment étudiées, sept font l'objet de soupçons assez concrets. C'est notamment le cas de "La Femme au miroir", portrait de Renoir peint en 1915 et acquis parle musée des Beaux-Arts de Rouen en 1954.

"Il est entré dans les collections à ce moment-là par legs. Le legs a été fait par Clémentine Rouget, qui est la veuve d'un célèbre marchand, Charles Vaumousse, originaire de Rouen, qui a donc acquis cette œuvre pendant la guerre", explique Hélène Ivanoff, chercheuse de provenance, au micro de BFM Normandie.

"Une œuvre qui a été achetée à un marchand, Raphaël Gérard, qui a été fortement impliqué dans le trafic de bien spoliés pendant l'Occupation", complète l'experte.

Sur les 3.141 œuvres que compte le musée, 40% ont une provenance incertaine. Toutes sont actuellement ou vont être prochainement scrutées par des chercheuses dans le cadre de cet audit.

Si une loi adoptée en juillet 2023 autorise à restituer les œuvres à leurs propriétaires, le musée n'avait pas attendu cette loi pour lancer les recherches de provenance sur plusieurs de ses œuvres.

"On est le premier musée en région à avoir lancé ce type de travaux", explique Laurence Renou, vice-présidente de la métropole Rouen Normandie en charge de la culture. "On ne peut malheureusement pas annuler ce qu'il s'est passé, mais il nous appartient de rendre justice et de rétablir le droit."

Les recherches se poursuivent

Le musée des Beaux-Arts et la métropole comptent ainsi mettre en place de nouvelles mesures pour intensifier ces recherches de provenance et sensibiliser le public à l'histoire des œuvres spoliées.

"Nous allons par exemple organiser des visites guidées sur le thème de la Seconde guerre mondiale, pour faire connaître l'histoire de ces œuvres à nos visiteurs", explique Robert Blaizeau, directeur des musées de la métropole Rouen Normandie.

Les recherches vont également se poursuivre pour déterminer la provenance d'autres œuvres du musée.

"Ça veut dire que nous allons recruter des chercheuses pour continuer à travailler sur nos collections, et peut-être identifier d'autres œuvres qui auraient été spoliées, et tenter de restituer les oeuvres spoliées à leurs ayant-droits, aux héritiers de personnes qui en étaient propriétaires pendant la Seconde Guerre mondiale", précise Robert Blaizeau.

Des recherches complémentaires financées par la métropole doivent ainsi avoir lieu dans les prochains mois.

Selon nos confrères de Ouest-France, l'une des sept œuvres faisant l'objet de soupçons a déjà été formellement identifiée comme étant spoliée: il s'agit du tableau "Madame Guillaumin cousant", réalisé par le peintre Armand Guillaumin en 1888.

Celia Ngatsongo avec Laurène Rocheteau